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I
. Introduction
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II. Préliminaire
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IlI.
Prophétie
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IV.
Glossolalie
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V.
Guérison
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- C'est pour répondre à une demande de la Commission Permanente que la
Commission de théologie a examiné la question des "dons
spirituels". Après trois ans de travail, elle présente
aujourd'hui aux Eglises le résultat de sa réflexion. Elle s'est
efforcée d'aborder ce sujet sans à priori, sans passion. Elle
s'associe à ce que le professeur Gaffin a écrit : "L'enjeu
ici est l'unité et le bien-être de tout le corps de Christ et la
santé de tous ses membres, charismatiques comme non
charismatiques". Certes, la Commission dit ce qu'est sa
profonde conviction, mais sans violence et sans agressivité à l'égard
de qui que ce soit, du moins elle espère y être parvenue.
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- Le
lecteur de ce rapport trouvera des thèses à la fin des
chapitres. Il semble que ce procédé soit le mieux adapté pour
un travail dont les synodes auront à se saisir.
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- Nous
accompagnons la publication de ce document de nos prières pour
qu'elle puisse contribuer à l'édification du peuple de Dieu et
non à sa destruction, à manifester son unité et non à le
diviser.
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- La mise en avant ces dernières années d'une piété qui entend renouer
avec celle de la période apostolique et ses multiples
manifestations (don des langues, interprétation, prophétie,
discernement des esprits, guérison, exorcisme etc ... ) pose immédiatement
une question fondamentale à savoir : comment Dieu manifeste-t-il
sa présence ; avec, bien entendu, en corollaire : comment nous
parle-t-il ?
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- La
réponse à ces questions demanderait un développement hors de
proportion avec les dimensions de ce rapport qui se veut, avant
tout synthétique, mais le sujet ne peut pourtant être évité.
En effet, la piété "charismatique" se veut
l'expression d'une relation plus "directe" avec Dieu, la
présence divine étant plus "sensible" à l'individu,
voire plus "visible" à la communauté. Il faut donc
nous donner les moyens d'évaluer bibliquement et théologiquement
le contenu réel de ces expériences.
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- a). Le temps de la révélation
- "Dieu
a parlé". Cette affirmation au passé qui ouvre la lettre
aux Hébreux préfigure la clôture du temps de la révélation de
Dieu, révélation qui s'est inscrite dans l'histoire d'Israël et
dans l'incarnation de son Messie - Parole éternelle de Dieu -, révélation
qui a été portée à la connaissance et à la compréhension des
hommes par le message des prophètes et par celui des apôtres de
notre Seigneur Jésus-Christ. Dieu a parlé une fois pour toutes
au travers d'une histoire et par les hommes qu'il avait choisis.
Cette histoire est achevée, la révélation est donc close.
- Nous
rejoignons ici une des affirmations centrales de la Réforme, à
savoir le caractère suffisant et normatif de la Bible comme
Parole de Dieu. C'est elle qui est à la fois la source et le critère
de discernement de toute parole, elle est la "norma
normens" pour ordonner la vie de l'Église comme celle de
chaque fidèle, quelles que soient les circonstances ecclésiales
et communautaires ou privées et individuelles. Aucune expérience,
aussi bénéfique soit-elle, ne peut constituer une base d'évaluation
ultime pour dire si Dieu est là, ou s'il parle ici de telle manière.
Contredire à la pleine suffisance de l'Ecriture, c'est s'engager
dans un naufrage où Dieu ne saura plus être distingué des
passions humaines ni de l'histoire en marche.
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- b). Le rôle du Saint-Esprit
- Dire
que Dieu a parlé n'implique pas que l'on renonce au présent de
la Parole de Dieu, mais cela veut dire que la Parole que nous
entendons aujourd'hui ne surgit pas de notre vécu mais dans
notre vécu. Elle est l'écho toujours renouvelé de la révélation
primordiale parvenue à son plein achèvement dans la personne et
l'oeuvre de Jésus-Christ. Le présent de cette Parole est garanti
par I'accompagnement du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit qui a inspiré
les prophètes et les apôtres nous fait entendre Dieu
aujourd'hui. Il parle aux Eglises, il frappe au coeur des hommes.
Le Dieu vivant ne cesse de communiquer, d'entrer en dialogue avec
son peuple. Pourtant, cette activité présente de l'Esprit ne
saurait court-circuiter son activité passée. Autrement dit
l'illumination n'est pas la révélation. L'illumination a lieu à
partir de la parole déjà donnée, inscripturée. Le Saint-Esprit
nous entraîne ainsi à confesser la foi apostolique donnée aux
saints une fois pour toute.
-
- c). Une nécessaire médiation ...
- Dès
lors, il reste à savoir par quels moyens nous entendons cette
parole, de quels véhicules le Saint-Esprit se sert pour nous
faire connaître le message de Dieu et nous convaincre de sa véracité.
- Le concept d'immédiateté, selon lequel une expérience directe de Dieu
serait possible sans le secours d'aucune médiation, est
inacceptable. Certains théologiens charismatiques le
reconnaissent volontiers (Cf. J.C. Schwab in Hokma n°43/1990). En
pareil cas, il y aurait fusion en Dieu au détriment de notre
identité. Même la célèbre phrase de l'apôtre : "Ce n'est
plus moi qui vis mais c'est Christ qui vit en moi" n'implique
pas, en aucun moment, la disparition de la personnalité de Paul.
Ainsi, toute Parole de Dieu est reçue dans le contexte d'une médiation
humaine, d'un langage humain où entrent en jeu une quantité de
facteurs que Dieu gère dans sa souveraineté.
- L'incarnation, qui est au terme du processus de la révélation, est
bien la démonstration incontournable du fait que la Parole qui
vient d'en haut nous arrive par en bas, dans le monde complexe de
la communication médiatisée.
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- d). ... mais pas de langage sacré
- De
cette constatation nécessaire il se dégage ce point très
important selon lequel il n'est pas possible d'établir un
discernement sur la valeur spirituelle d'un événement ou d'une
parole à partir de sa réalisation formelle. Il n'y a pas de
langage sacré. Il n'y a pas de forme de communication
(extraordinaire, par exemple) où Dieu serait nécessairement plus
présent que dans une autre. Il n'y a pas un langage en prise
directe et un autre qui aurait le défaut de passer, par exemple,
par la médiation de l'intelligence humaine. C'est ainsi que l'on
voit l'apôtre Paul énoncer dans une même liste les dons par
lesquels le Saint-Esprit édifie la communauté, et passer sans
commentaire ni remarque de ceux qui ont le don de guérir à ceux
qui ont le don de secourir ou de gouverner. De l'extraordinaire à
l'ordinaire, de la simple parole de sagesse à l'interprétation
des langues, tout peut être reçu comme une parole ou une action
de Dieu... et à l'inverse, rien de tout cela n'est en soi une
garantie de sa présence. Seul le contenu, seule l'orientation de
l'événement en référence à la révélation normative de Dieu
permet d'affirmer que Dieu est bien dans cette parole ou dans
cette action.
-
- e). A finalité différente, médiation
différente
- Enfin, pour conclure sur ces remarques préliminaires, il convient de
souligner à nouveau l'importance que revêt le passage de l'ère
de la "révélation" à celui de
"l'illumination". Certes, le dialogue entre Dieu et son
peuple reste essentiellement le même dans sa nature profonde
quelles que soient les époques, mais on constatera dans l'Ecriture
elle-même que les moyens utilisés par Dieu pour manifester sa présence
et communiquer sa volonté varient selon les temps et selon
l'action qu'il veut mener. A combien plus forte raison il nous
semble légitime d'induire qu'à partir du moment où l'histoire
sainte est achevée, où tout ce qui est nécessaire à notre
salut a été porté à notre connaissance sous la forme d'une
parole verbale, les modes mêmes de la présence et de la
communication de Dieu à son peuple sont susceptibles de changer.
- Prêtons grandement attention au fait qu'il ne s'agit plus désormais de
révéler Dieu par le moyen de l'histoire, mais seulement
d'illuminer les coeurs. Ainsi notre exégèse du Nouveau Testament
devra prendre garde à ne pas transporter tout le vécu de l'Eglise
apostolique dans notre contexte, sans auparavant s'être assuré
qu'il ne s'agit pas d'un retour illégitime à l'économie de la révélation.
-
- Ceci
établit, il convient maintenant d'aborder notre sujet en séparant
ce que nous appelons les dons verbaux (prophétie, glossolalie) de
ceux qui, à l'évidence, sont d'un autre ordre : les dons de
puissance (miracles, guérisons, exorcismes).
-
-
-
- Nous
distinguons deux types de prophétie :
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- a). La prophétie fondatrice
- L'Eglise
s'édifie sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ
étant lui-même la pierre angulaire (Ephésiens 2/20). Ce texte
est essentiel parce qu'il fait ressortir qu'il y a eu une période
fondatrice au coeur de laquelle apôtres et prophètes ont joué
un rôle unique, non transmissible. Pendant un temps relativement
court, apôtres et prophètes ont prêché, enseigné, écrit à
la fois pour témoigner de ce qu'ils avaient vu et entendu, mais
aussi pour faire face aux besoins des communautés naissantes - l'Eglise
prenant alors une dimension vraiment universelle.
-
- Il
faut toutefois remarquer qu'aujourd'hui nous ne disposons pas de
tous les documents apostoliques et prophétiques qui ont circulé
dans les assemblées chrétiennes. Par exemple, nous ignorons le
contenu de la lettre aux Laodicéens dont les Colossiens devaient
prendre connaissance (Colossiens 4/16).
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- En sens inverse, les Eglises, à ce moment-là, n'avaient pas accès aux
quatre évangiles, ni au récit global des Actes des Apôtres, ni
à l'ensemble des épîtres. Cette période de la mise en place
des fondements sera relativement brève. Elle s'achevera a une époque
qu'il est impossible de dater avec précision, mais qui coïncide
avec la formation du canon biblique1.
- Le temps de la fondation est révolu. Désormais les Eglises disposent
d'un texte pleinement suffisant pour faire connaître tout le
conseil de Dieu. La Révélation est inscripturée, c'est-à-dire
qu'elle est véhiculée par une "Ecriture Sainte". Avec
les chrétiens de la Réforme, nous confessons que la Bible,
Ancien et Nouveau Testaments, "est
la règle unique de toute vérité et qu'elle contient tout ce qui
est nécessaire au service de Dieu et à notre salut. Il n'est
donc pas permis aux hommes, ni même aux anges, d'y rien ajouter,
retrancher ou changer" (Article 5 de la Confession de foi
de La Rochelle). Dans ce sens, il n'y a plus de prophètes et d'apôtres,
porteurs de la Révélation.
- ______________________
- (1) Canon signifie : règle de lecture
-
- Avant
de terminer ce paragraphe, la question se pose de savoir s'il faut
faire une différence dans le texte d'Ephésiens 2/20 entre apôtres,
d'une part, et prophètes, d'autre part. Certains théologiens
pensent qu'il faut faire une distinction. D'autres ne partagent
pas ce point de vue. Sans entrer dans le débat, nous penchons
plutôt pour la deuxième thèse. L'expression "les apôtres
et les prophètes" n'est probablement qu'une figure de rhétorique
qui consiste à dissocier deux aspects d'une même réalité.
Cette construction est fréquemment utilisée dans le Nouveau
Testament :
- -
en Romains 16/7 (mes parents et mes compagnons d'oeuvre désignent
les mêmes personnes) ;
- -
en Ephésiens 6/21 (le. frère bien-aimé et le fidèle serviteur
ne font qu'un) ;
- -
de même dans Colossiens 1/2 (aux saints et aux frères fidèles)
;
- -
ou Ephésiens 4/11 (pasteurs et docteurs)
- -
voir encore : Philippiens 2/25 ; Colossiens 4/7 ; Philémon 1 ; Hébreux
3/1 ; I Pierre 3/18 etc.
-
- Ainsi ce texte devrait être traduit de la manière suivante :
"Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres
prophétiques, Jésus-Christ lui-même étant la pierre de
I'angle".
-
- Mais
en définitive, malgré leur divergence, les deux thèses en présence
s'accordent pour dire qu'il existe une période fondatrice où se
met en place l'autorité canonique. C'est l'essentiel.
-
- b). La prophétie actuelle
- Affirmer
que la prophétie fondatrice n'existe plus ne signifie pas qu'il
n'y a plus de place dans l'Eglise au don de prophétie. Le nier
serait aller à l'encontre de l'enseignement scripturaire lui-même.
Comme tous les membres du peuple de la nouvelle alliance sont rois
et sacrificateurs, ils sont également tous prophètes.
-
- Le
livre des Actes s'ouvre par l'affirmation que désormais la
nouvelle Alliance est l'accomplissement de la parole de Joël. Dès
lors, tous, jeunes et vieux, hommes et femmes, prophétisent parce
que l'Esprit les y pousse (Actes 2/17,18). Or le don de l'Esprit
n'est pas limité à la période fondatrice. Il n'est pas
surprenant que Paul exhorte les fidèles de Corinthe à rechercher
l'amour mais aussi les dons spirituels dont celui de prophétie (1
Corinthiens 14/1,39). Tous peuvent prophétiser (1 Corinthiens
14/31). Il n'y a vraiment aucune barrière de quelque nature que
ce soit, même pas la différence des sexes (Actes 2/17, I
Corinthiens 11/5).
-
- En
quoi consiste cette prophétie ?
- -
Elle n'est certainement pas un supplément venant s'ajouter et
compléter l'Ecriture Sainte. Au contraire, elle est soumise à la
Parole canonique et biblique :
- "Si
quelqu'un croit être prophète ou inspiré, qu'il reconnaisse que
ce que je vous écris est un commandement du Seigneur. Si
quelqu'un l'ignore, c'est qu'il est ignoré de Dieu"
- (1
Corinthiens 14/37,38).
- - La prophétie doit être examinée pour savoir si elle est correcte (1
Thessaloniciens 5/21).
- - Elle peut être interrompue. Le prophète n'a pas d'autorité en lui-même
(1 Corinthiens 14/30).
- - La prophétie n'est pas la glossolalie. Elle est faite en une langue
compréhensible. Elle édifie la communauté en instruisant, en
exhortant, en consolant (1 Corinthiens 14/3-5,12,19,24-26). I
Corinthiens 14/31 décrit la finalité de la prophétie :
"vous pourrez tous prophétiser successivement afin
que tous soient instruits et que tous soient exhortés".
Considérons les deux verbes employés ici :
- - manthanô :
la prophétie transmet une connaissance (1 Corinthiens 14/6 ;
Ephésiens 4/13 "apprendre le Christ" ; 1 Pierre 4/10 ;
Colossiens 1/7 ; 1 Timothée 2/11, 5/4 ; Il Timothée 3/14).
- -
parakaleô qui signifie
: consoler, aider, exhorter (Romains 12/1 ; Ephésiens 4/1 ; 6/22
- il est impossible de tout citer (ce verbe est utilisé 105 fois
dans le Nouveau Testament, et le substantif paraclésis
: 29 fois).
-
- La prophétie se situe entre la proclamation (kérygma)
tournée vers le monde et l'enseignement systématique (didaché), entre l'évangélisation et la réflexion théologique.
Elle est indispensable pour édifier l'Eglise parce qu'elle
consiste en une aide spirituelle pastorale et fraternelle. Elle
rend manifeste la présence de Dieu dans la communauté (I
Corinthiens 14/24, 25).
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- Une
question surgit : celle du rapport entre la prophétie et la prédication.
Le professeur Cothenet, de l'Institut catholique, auteur de
l'article "Prophétisme dans le Nouveau Testament" paru
dans le supplément au Dictionnaire de la Bible, écrit, après
avoir souligné que celui qui exhorte dans l'assemblée chrétienne
rappelle le prédicateur de la synagogue : "la parole prophétique,
telle qu'elle apparaît dans 1 Corinthiens, Romains 12 et aussi 1
Pierre 4/11 est donc très voisine de la
prédication fondée sur l'Ecriture2".
- Certes,
le domaine où s'exerce la prophétie est sans doute plus large
que celui de la prédication, mais il est exact de penser que la
prédication peut être aussi un acte prophétique. Il faut
abandonner l'idée que la caractéristique essentielle de la prophétie
est la spontanéité ; la prophétie est aussi le fruit d'une
longue méditation et d'un travail préparatoire sérieux. La
prophétie, puisant sans cesse dans le vieux trésor de la révélation,
fait jaillir une parole en prise avec l'actualité d'une communauté
précise ou au coeur de la problématique d'un individu dans la
situation qui est la sienne. Elle n'est jamais intemporelle.
- _____________________
- (2). - Cette citation est extraite d'une conférence
faite par le professeur H. Blocher à une Pastorale nationale (St
Prix - janvier 1990).
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- Nous
concluons donc que, si tous les chrétiens sont appelés à
exercer le ministère prophétique, certains peuvent l'assumer
plus que d'autres parce qu'ils ont reçu de l'Esprit le don
d'exhorter et de consoler (1 Corinthiens 12/10 ; Ephésiens 4/11).
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- La
puissance de Dieu se manifeste non pas dans l'éclat d'un événement
ou d'un phénomène sensible aux sens, mais dans le fait que, par
la prédication prophétique, Dieu parle, agit et accomplit son
oeuvre de salut.
-
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- THESES SUR LA PROPHETIE
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- 1 . Les Saintes Ecritures de l'Ancien
et du Nouveau Testament constituent la règle absolue qui ordonne
la vie de l'Église comme celle de chaque fidèle quelles que
soient les circonstances ecclésiales et communautaires, privées
et individuelles.
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- 2. Si le temps des prophètes-fondateurs
s'achève avec la rédaction du Nouveau Testament (Ephésiens
2/20), la prophétie quant à elle devient dans la Nouvelle
Alliance le privilège du peuple de Dieu dans son ensemble. Habitée
par l'Esprit-Saint, l'Eglise est un peuple de prophètes (Actes
2/16-21). Cela signifie que personne n'est écarté de l'exercice
de ce ministère prophétique, qu'il soit un homme ou une femme.
-
- 3 . La prophétie se situe entre la
proclamation (kérygmatique) tournée vers le monde et
l'enseignement systématique (didactique), entre l'évangélisation
et la recherche théologique. Elle est indispensable pour édifier
le fidèle comme la communauté parce qu'elle dit l'aujourd'hui de
Dieu. Elle est ainsi une aide spirituelle pastorale et
fraternelle. C'est dire que la prédication est un acte prophétique,
mais que la prophétie ne se limite pas à la prédication.
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-
-
- Nous
introduisons cette étude sur le don des langues par une double
question : les langues actuelles (dans le mouvement charismatique)
sont-elles les langues bibliques ? Et avec cette seconde approche
: y a-t-il place aujourd'hui pour une vocalisation non
conceptuelle de la foi ?
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- L'exégèse
Réformée traditionnelle sur la question du don des langues est généralement
beaucoup trop tributaire d'une systématique qui situe d'emblée
le phénomène comme un des signes réservés à la période
apostolique. Loin de nous l'idée de nier la réalité de la
distinction entre une période fondatrice, porteuse de la Révélation
finale, et le temps de l'Eglise. Mais à bien examiner les textes
bibliques, on peut légitimement se demander si la nature même du
don des langues a été bien comprise.
-
- Xénoglossie ou glossolalie ?
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- La première question qui se pose est celle de savoir au fond qu'est-ce
que ce "Ialein glossais" ?
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- Selon
l'opinion d'un certain nombre de théologiens, les
"langues" dont parle le Nouveau Testament étaient
toutes des formes de xénoglossie, c'est-à-dire l'expression d'un
phénomène linguistique authentique. Même s'il ne s'agissait pas
de langues existantes, c'était un langage avec une grammaire et
des mots qui véhiculent un sens défini. Autrement dit, dans
cette perspective, la réponse à la première partie de la
question est déjà donnée : c'est NON !
Non, les langues actuelles ne sont pas les langues
bibliques. En effet, toutes les études linguistiques ont montré
que les parlers en langues charismatiques n'obéissent pas aux règles
infrangibles du langage. Sauf témoignages rarissimes, et jamais vérifiés,
les langues actuelles ressortent de la glossolalie. Il s'agit
d'une libre expression vocale n'obéissant à aucune règle et ne
pouvant donc pas véhiculer un contenu de sens par un quelconque
agencement des signes sonores.
- Mais
le parler en langues néo-testamentaire, était-il vraiment
toujours une xénoglossie ?
-
- Les "langues" comme signe du
changement d'économie
- Une
chose est certaine : on ne peut pas trancher la question à l'aide
d'une étude de vocabulaire. Le "lalein étéraïs glossaïs"
pouvant tout aussi bien renvoyer à une apparence de langage qu'à
un langage réel et conventionnel. Pour essayer d'y voir clair,
seul l'usage biblique de ce don peut nous amener à en discerner
sa nature. Dans la perspective évangélique classique, le rôle
des "langues" est défini en fonction de deux paramètres
:
-
- 1
: les "langues" ont un rôle révélationnel. Elles
participent, avec le don de prophétie, à cette communication de
l'Esprit qui était donnée aux premiers croyants dans cette période
particulière où l'Eglise posaient ses fondements. Les
"langues" étaient en quelque sorte une autre forme de
la prophétie ... une prophétie en un langage obscur, parce
qu'inconnu, et qui demandait à être interprété ou traduit en
langage clair.
-
- 2
: cette révélation en langage inconnu était donnée par Dieu de
cette manière pour accomplir la prophétie d'Esaïe 28/11. Les
"langues" signifient que la révélation de Dieu échappent
à Israël à cause de son incrédulité (1 Corinthiens 14/21,22).
Elles jouent un rôle semblable à celui des paraboles avec
lesquelles Jésus enseignait les foules, et annoncent l'ouverture
du "temps des nations".
-
- Ainsi
posé, et le texte d'Actes 2 devenant référence pour tous les
cas de figure, il va de soi que ce don des langues est défini
comme un don extraordinaire où un homme se met en quelque sorte
à prophétiser en une langue véritable qu'il n'a pas apprise. Le
jugement d'Israël étant chose entendue à la fin du ler siècle,
ce don miraculeux n'avait aucune raison de se poursuivre au-delà.
-
- Cette
explication, pour être satisfaisante sur le plan systématique,
ne rend pourtant pas compte d'un certain nombre de textes. Si donc
le deuxième paramètre est bien fondé exégétiquement, il n'en
est pas de même du premier !
-
- Les "langues" comme phénomène
de piété
-
- Les
"langues" avaient-elles réellement un rôle révélationnel
? Il est permis d'en douter.
- Non
seulement aucune phrase, aucune parole du Nouveau Testament ne se
présente comme ayant été reçue par le canal d'un message en
langues interprété, mais encore certaines affirmations de l'apôtre
Paul semblent prendre le contre-pied de cette position. En 1
Corinthiens 14/2 et 28, l'apôtre dit expressément que celui qui
parle en langues ne parle pas aux hommes mais à Dieu. Plutôt que
de révélation des mystères de Dieu, il vaudrait mieux parler
d'une prière mystérieuse. Au verset 4, il est question d'une
auto-édification.
- Tout
cela nous détourne d'une conception des "langues" comme
proclamation et nous oriente vers un phénomène de piété, une
forme de la relation personnelle et vivante qui unit le croyant à
Dieu. Dans les versets 14, 15 et 17, l'apôtre n'hésite pas
d'ailleurs à parler d'une "prière" en langues, d'une
louange qu'il appelle tout de suite après prière "par
l'esprit", nous informant par la-même qu'il y avait aussi
des chants "par l'esprit", c'est-à- dire des chants en
langues.
- Plus
encore, nous découvrons, toujours dans ce même chapitre, une
opposition entre les "langues" et tout ce qui véhicule
une forme de révélation (v.6). Enfin, dans les versets 14 et 15,
on doit comprendre que la prière en langues édifie celui qui la
prononce alors même qu'aucun message conceptuel n'est saisi par
son intelligence (cf.
"mon intelligence est stérile").
- Si
donc nous maintenons que les "langues" sont d'abord le
phénomène par lequel est signifié le jugement d'Israël, nous
rejetons l'idée selon laquelle elles étaient un moyen de révélation
et nous lui substituons cet autre paramètre : les langues" néo-testamentaires
sont une des manifestations produites par l'Esprit-Saint dans le
cadre de la relation nouvelle, libre et personnelle que le croyant
a avec son Dieu. Elles contribuent
à l'édification du fidèle sans pour autant véhiculer un sens
objectif qui serait clairement perçu par celui-là même qui prie
de cette manière.
-
- Selon
cette nouvelle perspective, il n'est pas nécessaire de maintenir
l'idée que le parler en langues du Nouveau Testament serait une xénoglossie,
c'est-à-dire un don extraordinaire, une sorte de miracle
permanent. Les "langues", la prière "par
l'esprit" sont un langage, mais pas nécessairement des
langues humaines avec les règles strictes qui les caractérisent.
- Bien
évidemment, l'événement d'Actes 2 a, lui, un caractère
"miraculeux". Il s'agit selon toute vraisemblance d'une
xénoglossie puisqu'on nous signale que chacun entendait parler
des merveilles de Dieu dans sa propre langue. Mais nulle part
ailleurs dans le Nouveau Testament, on ne nous décrit un phénomène
semblable. Jamais un païen ne comprendra par lui-même un parler
un langues qui aurait été sa langue d'origine. L'événement
d'Actes 2 est unique, comme est unique, et une fois pour toutes,
la descente du Saint-Esprit sur l'Eglise. Partout ailleurs,
lorsqu'il est question du don des langues, l'évidence textuelle
accrédite plutôt un phénomène de glossolalie que de xénoglossie.
Peut-être l'apôtre Paul était-il conscient de cette double réalité
lorsqu'il a parlé des ,langues des hommes et des anges" ?
-
- Communication verbale et non verbale
-
- La
Bible est pleine d'exemples qui nous montrent que les méthodes de
communication entre Dieu et les hommes, et entre les hommes et
Dieu, prennent des
formes très diversifiées.
-
- Les
cieux racontent la gloire de Dieu dans le langage qui est le leur,
et nous savons que les paraboles elles-mêmes communiquent, mais
de manière indirecte, non par une approche qui veut satisfaire
uniquement l'intellect, mais par une visée sur l'être profond,
sur l'home global dans le tout de son incarnation. De plus, nous
communiquons les uns avec les autres autant par l'être et la manière
d'être que par le dire3.
Dès lors, il n'est pas surprenant de relever, comme le fait l'apôtre
Paul en Romains 8/26, que la prière dans l'Esprit peut aussi bien
s'exprimer par des "soupirs" ou "gémissements"
que par des paroles. "Et Dieu qui voit dans les coeurs
comprend ce que l'Esprit-Saint veut demander" (v.27).
-
- Il
y a communication au-delà, ou en deça, de l'expression verbale.
Ainsi on peut comprendre que la prière "en langues",
tout en ne véhiculant aucun concept, puisse édifier la personne
qui la prononce dès lors que par là elle vit une relation
authentique avec Dieu par l'Esprit.
- __________________________
- (3). - on notera que les arts, qui ont aussi une
place dans l'expression de la foi, représentent une saisie
organisée de cette communication implicite.
-
-
- Le don d'interprétation ou la nécessité
du langage conceptuel pour grandir
-
- Le
danger consisterait à croire que ce langage non conceptuel serait
finalement supérieur à l'expression verbale organisée à cause
de la séduction du "mystère" qui l'entoure. En réalité,
l'appel que lance l'apôtre Paul aux Corinthiens, afin qu'ils
recherchent le don de prophétie ou celui d'interprétation, est
la démonstration du contraire. Si le croyant peut vivre une réelle
édification personnelle par le moyen des "langues", il
n'en ressort pas moins que l'Eglise ne peut s'édifier, ne peut
grandir, ne peut se construire par ce moyen. Pour édifier le
corps de Christ, l'apôtre préfère dire cinq mots intelligibles
que 10 000 en langues !
-
- La foi vient de ce que l'on entend, et la Parole de Dieu nous est donnée
en dernier lieu dans un langage clair et organisé. Autrement dit,
s'il est vrai que l'Esprit vient au secours de notre faiblesse
pour nous permettre une relation même là où il n'y a pas la
rigueur du langage conceptuel, il ne s'en suit pas que nous
devrions nous complaire dans cette sorte de piété uniquement
affective ou émotionnelle, ce qui serait alors la marque d'une
enfance spirituelle (1 Corinthiens 14/20). Là où la trompette
peut rendre un son clair, grâce à la connaissance qui nous est
donnée par l'Ecriture Sainte, nous devons nous atteler, nous
aussi, à dire les paroles
de la foi d'une manière organisée et claire.
- D'où l'exhortation au don d'interprétation. Ce dernier n'est pas une
traduction, au sens classique de ce mot, mais une saisie en
langage conceptuel d'un message sous-jacent à la production des
"langues". Le don d'interprétation révèle ainsi la nécessité
toujours présente d'une relation entre le vécu intuitif et une
certaine reprise consciente et organisée.
- Il
est vrai pourtant que les "soupirs" comme les
"langues" permettent d'une certaine manière de
"dire" l'inexprimable. Ils rendent manifeste une sorte
de crise où l'espérance dépasse la connaissance et la compréhension.
En ce sens, il n'est pas surprenant de voir ces phénomènes
abonder là où l'instruction chrétienne est encore faible
(Corinthe) et chaque fois qu'un réveil de la foi surgit au sein
d'une Eglise décadente incapable de fournir un discours opérant
et organisé pouvant instruire les acteurs du réveil. A l'évidence
également, le milieu culturel joue un rôle non négligeable dans
leur apparition. Que les Corinthiens aient abusé de la pratique
des langues peut s'expliquer par l'influence des cultes païens où
la pratique de la divination "en langues" est attestée.
De même aujourd'hui, l'émergence des langues va de pair avec la
civilisation de "la parole humiliée".
-
- En
conclusion, nous nous prononçons de manière positive vis-à-vis
des deux questions introductives.
-
- Oui,
les langues actuelles sont de même nature que les langues
bibliques. Elles n'ont rien à voir avec un phénomène miraculeux
(au sens d'extraordinaire), elles entrent dans le cadre des motifs
qui nourrissent la piété.
-
- Oui,
avec d'autres formes d'expressions, les "langues"
manifestent la nécessité toujours actuelle d'une communication
non conceptuelle dans le domaine de la foi, comme c'est le cas
dans celui des simples relations humaines.
-
- Nous
terminerons par deux remarques :
-
- Il va de soi que le don des langues n'étant ni un don extraordinaire ni
une forme de révélation, celui-ci peut perdurer au-delà de la période
apostolique, même si sa signification originelle vis-à-vis
d'Israël a perdu de sa nouveauté.
-
- Enfin, reconnaître que les "langues" actuelles sont de même
nature que celles de l'époque apostolique n'implique pas qu'on
leur accorde un intérêt et un rôle prééminents dans l'Eglise.
-
- N'oublions
jamais ces deux principes : premièrement les "langues"
ont leur place légitime dans la piété privée et non dans les
assemblées de l'Eglise, et deuxièmement, les "langues"
ne peuvent être considérées comme un but à atteindre vu
qu'elles sont toujours présentées comme une expression mineure
qu'il faut savoir dépasser par une communication en langage clair
et intelligible.
-
-
- THESES SUR LE DON DES LANGUES
-
- 1. Le parler en langues que l'on
observe dans les mouvements charismatique ou pentecôtiste est de
même nature que celui qui était pratiqué dans l'Eglise de
Corinthe.
-
- 2. Il s'agit d'une forme spontanée de la prière où la relation vivante
du croyant avec son Dieu se traduit par une émission libre de
sons qui ne forment pas, à proprement parler, une langue avec son
réseau de signes codés.
-
- 3.
Ce don, qui s'inscrit au départ sur une faculté naturelle du psychisme
humain, peut être utilisé par l'Esprit-Saint comme une légitime
expression de la foi (l Corinthiens 14/18). Celle-ci ne saurait
pourtant être imposée comme une norme de la vie dans l'Esprit (I
Corinthiens 12/30).
-
- 4. En fait, l'apôtre insiste sur le caractère mineur de ce don en
engageant celui qui le pratique à transposer son vécu intérieur
dans un langage clair et édifiant pour tous (I Corinthiens
14/13).
-
- 5. Si Paul le tolère, sous certaines conditions, dans l'assemblée de
Corinthe (encore en état d'enfance), nous pouvons conclure que
dans la mesure où l'on peut faire autrement, il vaut mieux l'éliminer
de tous les rassemblements publics de l'Église (1 Corinthiens
14/23).
-
- 6. Au-delà du seul "parler en langues", cette pratique met
l'accent sur la nécessité qu'il y a à vivre et à enseigner une
piété qui inclut l'être tout entier et non seulement son
intellect.
-
-
-
- Le
don de guérir, ou le don de guérison, est mentionné dans la
liste des pneumatika
(manifestations de l'Esprit) ou des charismata
(dons de grâce) de 1 Corinthiens 12 (v.9 et v.28).
-
- Mais
contrairement à la pratique des langues, la guérison n'est pas
limitée au cadre technique des charismes ni même au cadre de la
Nouvelle Alliance. Tout au long de son histoire, Israël a fait
l'expérience que Dieu est un Dieu Sauveur. Si ce salut est exprimé
fréquemment sur le plan d'une délivrance politique (avec l'événement-clef
de la sortie d'Egypte), d'une victoire militaire, il est aussi
vis-à-vis de l'agression que constitue la maladie (Exode 15/26 ;
Psaume 103/3).
-
- Ainsi,
l'oeuvre du salut que le Messie doit accomplir en Israël
s'accompagne inévitablement de manifestations de guérison : les
sourds entendront, les aveugles se mettront à voir (Esaïe 29/18)
et les boiteux marcheront (Esaïe 35/5,6). La proximité est telle
entre la notion de salut et celle de guérison que dans le
vocabulaire biblique le verbe guérir peut s'appliquer à une réalité
spirituelle (Esaïe 6/10 ; Jérémie 51/9) tandis que sauver peut
désigner une guérison physique (Marc 3/4 ; 5/34 ; Jacques
5/15...).
-
- On
relèvera également que la maladie est conçue quelquefois comme
une petite mort, de telle sorte que celui qui est guéri a le
sentiment d'être rendu à la vie (Psaume 30/4). Dans la même
logique, et sans nier la brisure qui sépare la mort de l'état de
maladie, à plusieurs reprises des réanimations de défunts
viennent montrer le caractère total du salut de Dieu, son pouvoir
de guérison est sans limite.
-
- Et
c'est ici que nous mesurons bien l'incidence théologique de la guérison.
La mort étant la sanction originelle qui touche toute l'humanité
en Adam, le détournement de la mort, voire de son prélude, la
maladie, est un acte qui annonce la restauration finale, c'est un
signe du Dieu qui sauve. Mais il ne faut en aucune manière déduire
de cela que le temps de cette restauration est arrivé.
Contrairement à ce que disaient Hyménée et Phîlète, notre résurrection
n'a pas encore eu lieu 1 (Cf. II Timothée 2/18).
Ainsi, la guérison ne peut en aucune manière être un phénomène
normal et systématique au sein de l'Eglise de Jésus-Christ.
C'est, et cela restera jusqu'au jour de la résurrection finale,
un événement de la grâce distribué par Dieu selon le bon
vouloir de son Conseil secret (Il Corinthiens 12/9).
-
- Les guérisons de Jésus dans les
Evangiles
-
- Ceci dit, la fréquence des guérisons tout au long du ministère de Jésus,
ainsi que dans les débuts de I'Eglise à Jérusalem ; l'existence
également d'un "don de guérisons" qui semble lié à
une personne, tout cela réclame une analyse subséquente.
-
- La
première constatation qui s'impose c'est que le Seigneur Jésus
n'a pratiquement jamais refusé une guérison à celle ou celui
qui la lui demandait. Certes, on ne soutiendra pas qu'il ait guéri
toute la Galilée durant le temps de son ministère terrestre,
mais il a accueilli favorablement toutes les demandes, même
indirectes (Cf. Jean 5/6,7) et toutes ont été exaucées. Les guérisons
ont été totales, la plupart d'entre elles étant constatables
par tous.
-
- Excepté
peut-être les premières années après l'Ascension du Seigneur,
jamais l'Eglise n'a connu un ministère de ce type. Même dans les
milieux où l'on met l'accent sur le fait que Jésus guérit, on
est bien obligé de constater que très souvent le Seigneur
n'accorde pas la guérison attendue. Pour expliquer le phénomène,
on accuse quelquefois l'Eglise et son peu de consécration, le
malade et son manque de foi ... mais la plupart du temps on se
tait pudiquement.
-
- La solution existe pourtant : c'est tout simplement que le Seigneur ne
veut pas agir maintenant de la même manière que durant son
ministère terrestre. La guérison n'est pas un dû de la grâce.
-
- Dans
l'Ancien Testament déjà, nous constatons que tels prophètes
comme Elie ou Elisée ont agi avec le secours de manifestations
miraculeuses et notamment des guérisons, tels autres comme Jérémie
ont vécu leur ministère sans de pareils supports. Jérémie n'était
pourtant pas moins spirituel que ses aînés, mais sa vocation était
autre.
-
- Lorsque
le Messie d'Israël apparaît, soudain les guérisons abondent. Il
est dans le mandat du Fils d'accomplir des guérisons (Luc 4/18).
Lorsque Dieu s'incarne, la grâce s'incarne, elle se manifeste
dans la chair et les guérisons pleuvent. Jésus est donc bien,
dans sa chair, le Sauveur promis de Dieu. Lorsque Jean-Baptiste,
du fond de sa cellule, aura un doute sur la messianité de Jésus,
nous connaissons la réponse du Seigneur (Matthieu 11/5). C'est
ici la clef qui permet de comprendre le caractère particulier du
temps où Jésus accomplissait son ministère. Par l'ensemble de
son activité et notamment par ses guérisons, il révélait à
Israël à la fois sa messianité et sa divinité (Jean 10/38 ;
14/11). Par le salut qui s'incarnait dans le corps de tant de
malades et d'infirmes, Israël devait savoir que le Sauveur était
là. Jésus était conscient que sa présence physique au milieu
de son peuple lui ouvrait une perspective de travail particulière
qui allait s'achever avec son départ de ce monde (jean 9/4,5 et
Luc 13/32).
-
- Nous
affirmons donc que la vocation du Christ à guérir les malades
est liée à son incarnation et qu'elle ne saurait se poursuivre
de la même manière après son Ascension.
-
- Les apôtres, vecteurs du don de guérison
-
- Comment
maintenant rendre compte de l'activité de guérison dans l'Eglise
primitive ?
-
- La
première des choses c'est de constater, en fait, combien les guérisons
et les miracles sont liés aux apôtres ; le livre des Actes
signale le fait en permanence (Actes 2/43 ; 3/6,7 ; 5/12 ; 5/15,16
; 9/34 ; 13/11 ; 14/3 ; 14/9,10 ; 16/18 ; 19/11,12 ; 28/5,6).
-
- Nous
rejoignons donc ici une thèse largement soutenue, à savoir que
ce don fait partie des signes apostoliques que le
Seigneur a donnés à ceux qu'il a choisis pour exercer la charge apostolique (Hébreux
2/4 ; Matthieu 10/1 ; 10/7,8 ; II Corinthiens 12/12).
-
- Or
cette charge apostolique implique une poursuite du ministère
fondateur du Christ. Pour ce faire, les apôtres ont incarné
l'autorité du Christ dans de multiples domaines (contre le
mensonge, la maladie, la mort, les démons) afin que leurs paroles
soient entendues et reçues comme étant les paroles mêmes de
Dieu.
-
- Ceci dit, il n'est pas correct de soutenir que seuls les apôtres ont pu
exercer un pouvoir de guérison puisque justement le texte de 1
Corinthiens 12 fait ressortir que ceux qui ont le don des miracles
ou les dons de guérisons peuvent être distincts des apôtres. En
fait, l'Eglise naissante tout entière a été au bénéfice de la
présence des apôtres de telle sorte qu'elle a pu agir et parler
de manière comparable au dire et au faire des apôtres. Ainsi
nous dirions que le
don de guérir est lié et
découle de la présence
vivante des apôtres dans l'Eglise. Un tel phénomène de
dépendance par rapport à des personnes "sur-douées"
par Dieu trouve des parallèles ailleurs dans l'Ecriture.
L'exemple le plus parlant pour notre propos est celui de Nombres
11/17-25 où le don de prophétie est donné temporairement à un
groupe à partir du prophète par excellence qu'était Moïse.
-
- Conclusion
-
- Affirmer
cette thèse ne veut pas dire que l'on dénie à Dieu la
possibilité d'agir par des guérisons dans l'Église
post-apostolique. Mais la différence essentielle c'est que
celles-ci ne sont plus liées à un ministère d'autorité.
-
- Dieu
peut guérir en réponse à la prière de son peuple, et la lettre
de Jacques (5/13-18) nous invite à vivre cet acte avec une grande
confiance. Mais ce qui n'est plus d'actualité c'est cette prise
d'autorité sur la maladie que nous voyons dans le ministère de Jésus
et dans celui des apôtres.
-
- En
conséquence, aucun chrétien ne peut prétendre à un ministère
de ce genre aujourd'hui. Les témoignages de leaders qui prétendent
exercer une telle vocation sont lourds d'ambiguïté, de silence
et souvent d'auto-persuasion. Céder à leur message sous
l'immense besoin de guérison, psychologique et physique, que l'on
peut connaître en soi-même ou autour de soi, c'est s'engager sur
un chemin très périlleux. Perpétuer le ministère de guérison
du Seigneur, c'est jeter un voile d'illusion sur la réalité de
la souffrance, c'est nier sa fonction dans l'ordre de la Rédemption,
c'est finalement s'exposer à de telles déceptions qu'il sera
difficile d'en ressortir vainqueur.
-
-
- THESES SUR LE DON DE GUERISON
-
- 1. La maladie et la mort sont les conséquence de la faute en Adam. Ces
conséquences demeurent et demeureront jusqu'à la restauration de
toutes choses.
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- 2. La guérison (physique et
psychologique) est un signe de salut que Dieu gère dans sa
souveraineté. Elle n'est pas un dû de la grâce.
-
- 3. Le ministère de guérison de Jésus
et des apôtres n'est pas transposable au-delà de la période
fondatrice. Il avait pour rôle d'établir la messianité du
Christ et d'appuyer l'autorité des paroles apostoliques.
-
- 4. La prière pour les malades est
pourtant légitime. Elle s'appuie sur la bontê de Dieu qui veut
le meilleur pour ses enfants, mais non pas sur une prétendue
autorité que des chrétiens pourraient avoir reçue sur la
maladie.
-
- 5. L'accent porté dans certains
milieux sur la guérison divine a des effets dangereux en ce qu'il
déplace le centre d'intérêt du message évangélique et entraîne
les fidèles sur des chemins d'illusion qui peuvent un jour se révéler
particulièrement destructeurs pour la foi.
-
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