Fiche n° 7

 

“ Les bases théologiques qui définissent notre identité et qui nous rassemblent ”

 

LA CONVERSION

Notre réponse à l’appel de Dieu

  

“ Repentez-vous, et convertissez-vous pour que vos péchés soient effacés ” (Act 3.19).

 

 

L’appel de Dieu demande toujours une réponse. Cette réponse positive s’exprime par la repentance et par la conversion. Par la repentance, le croyant demande pardon pour une vie qui l’éloignait de Dieu.  Par la conversion,  le croyant s’engage dans une nouvelle direction pour plaire à Dieu,  dans  ses  pensées et dans son comportement.

 

 

 

1. Le salut : un don de Dieu

 

“ C’est par grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie ” (Eph 2.8-9) ;

 

“ Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris ” (Es 53.5).

 

A cause de son péché, l’homme est incapable de se racheter (cf. les fiches 4 & 5). Les fautes, même dans une vie honorable, sont comme des pommes pourries dans un panier de pommes saines : les bons fruits ne guérissent jamais les mauvais. Nos “ bonnes actions ” ne pourront jamais compenser notre culpabilité. “ Tous sont privés de la gloire de Dieu ” (Rom 3. 23).

 

Dans son amour et sa justice, Dieu, en Jésus-Christ, assume les conséquences du péché et appelle l’homme à sa grâce. Face à cet amour et à cette grâce, toute prétention d'accéder au salut par nos propres actions est vaine (Phil 3.7-9).

 

Dérives

“ On n’a rien sans rien ” ! Nous sommes imprégnés par l’idée qu’il faut payer pour tout dans la vie, même pour obtenir la grâce de Dieu.

 

Presque toutes les religions enseignent l’idée de devoir mériter les bénédictions de la divinité. Cette idée transparaît aussi dans la notion de purgatoire et des œuvres méritoires que l'on retrouve chez certains chrétiens.

 

La Bible dit clairement que l’homme est incapable de se rendre juste devant Dieu, et que c’est Dieu seul qui enlève notre faute et nous justifie. A ce titre, repentance et conversion ne doivent surtout pas être conçus comme le prix à payer pour être mis au bénéfice de la grâce. Cette réponse à l'appel de Dieu est en fait déjà un fruit de la grâce, un don de Dieu (Act 5.31).

 

 

2. La régénération : l'œuvre du Saint-Esprit

 

“ Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés, par la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts, pour une espérance vivante. ” (1 Pi 1.3 ; cf. aussi Eph 1.13-14 ; 2 Cor 5.17 ; Tite 3.5-7)

 

La conversion nous parle d'un changement radical de direction dans la vie. Ce changement est possible grâce à la régénération, ou nouvelle naissance. Dieu n'est pas simplement intervenu dans l'histoire en la personne de Jésus-Christ, mais son Esprit agit chez celui qui croit pour en faire un être nouveau. Grâce à l'œuvre de l'Esprit, il croira et persévérera dans son engagement.

 

Sans cette nouvelle naissance, nul n'est sauvé comme Jésus lui-même le dit : “ En vérité, en vérité je te le dis, si un homme ne naît d'en-haut, il ne peut voir le royaume de Dieu” (Jean 3.3).

 

Dérives

Il y a une tendance chez certains chrétiens à penser que la nouvelle naissance rend l'homme imperméable aux effets du péché, or il n'en est rien. La nouvelle naissance ne vient pas remplacer l'ancienne. Elle est une semence de vie implantée au cœur de l'homme (1 Pi 1.23). Cette semence contient en germe toutes les promesses du monde à venir, mais comme le dit fort bien l'article XI de la confession de foi de La Rochelle :

“ Nous croyons aussi que le péché originel est une perversion qui produit toujours des fruits de corruption et de révolte, tels que les hommes les plus saints, quoiqu'ils y résistent, ne cessent point d'être entachés de faiblesses et de fautes tant qu'ils habitent en ce monde. ”

 

A l'inverse, une certaine méconnaissance de la réalité effective de la régénération est constatable chez une grande partie de la chrétienté. On vit le christianisme comme un devoir moral, en s'affligeant peut-être de ses incapacités, en reconnaissant aussi son besoin de toujours s'améliorer, mais sans jamais recevoir le Christ, dans la foi, comme le Seigneur de sa vie, sans jamais saisir la force de transformation qui vient d'en haut (Act 1.8).

 

 

3. La repentance : une nécessaire prise de conscience

 

“ Qu'ils se tournent des ténèbres vers la lumière et du pouvoir de Satan vers Dieu, et qu'ils reçoivent le pardon des péchés et un héritage avec ceux qui sont sanctifiés par la foi. ”         (Act 26.18)

 

Ayant entendu l’appel du Dieu qui l'aime et qui le sauve, le croyant exprime sa repentance. Son intensité peut varier d’un individu à l'autre, mais l'essentiel consiste à ce que le croyant se rende compte de la nécessité d'être pardonné pour une vie qui n’allait pas dans la direction voulue par Dieu (Hébr 2.3).

 

Réaliser son péché, c'est-à-dire sa révolte contre Dieu, et implorer le pardon divin sous-entend un changement radical de la pensée qui définit une nouvelle orientation de vie. Tel est le sens biblique de la repentance.

 

Dérives

Nous pouvons être pris de remords pour une faute commise, mais le remords n'est pas la repentance :

             - il peut nous entraîner à vouloir expliquer notre attitude en présentant toutes sortes d'excuses. Nous entrons alors dans un processus négatif d'auto justification ;

 

             - ou bien il peut nous conduire à vouloir nous sanctionner nous-mêmes. C'est l'attitude de Judas après son forfait. A ce propos, Matthieu (en 27.3) n'utilise pas le terme de repentance pour qualifier son vain remords.

 

  

4. La foi : une relation de confiance en Dieu 

 

“ Etant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu. ” (Rom 5.1)

 

“ La vraie foi n’est pas seulement une connaissance certaine par laquelle je tiens pour vrai tout ce que Dieu nous a révélé par sa Parole ; mais c’est aussi une confiance du cœur (…) que ce n’est pas seulement aux autres mais aussi à moi que Dieu accorde la rémission des péchés, la justice et le bonheur éternels. ” (Catéchisme de Heidelberg, question XXI)

 

La foi est une relation de confiance en Dieu. Au-delà donc de l'adhésion à un credo, elle est un lien personnel et vivant avec Dieu. La foi confiante implique l'intelligence et les sentiments, mais elle n'est ni le produit de l'un ni celui de l'autre. Elle est le moyen de grâce par excellence par lequel Dieu nous sauve et nous garde en sa main (1 Jean 5.4 ; Eph 2.8).

 

Dérives

Dans le langage populaire, la “ foi ” se limite souvent à une vague affirmation de l’existence de Dieu, sans grande conséquence.

 

La démarche dont parle la Bible est beaucoup plus qu’une adhésion intellectuelle à l’idée qu’il y a un dieu qui existe, comme nous pouvons affirmer que Charlemagne ou Napoléon ou Charles de Gaulle ont bien existé. Dans son épître, Jacques dit que les démons croient aussi qu’il y a un seul Dieu   (Jacq 2.19), mais ils ne bénéficient pas de sa grâce pour autant.

 

Par ailleurs, la foi biblique représente davantage que des émotions, des sentiments ou des prières face à certaines questions de la vie quotidienne (la santé de nos proches, la protection des dangers, l’arrêt des hostilités d’une guerre, etc.). Elle présuppose d'abord que le croyant place sa confiance en Dieu pour la direction de sa vie d’aujourd’hui, comme pour son sort éternel (Rom 12.1-2 ; 1 Tim 1.12).

 

 

5. La vie nouvelle : se mettre en route avec Dieu

 

“ Il s'est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les œuvres bonnes. ” (Tite 2.14)

 

Si la repentance implique d'abandonner l’ancienne direction de notre vie, la conversion n'est pas complète sans l’engagement dans la vie nouvelle à laquelle Dieu nous appelle.

 

Depuis la rencontre avec ses premiers disciples, l’appel de Jésus a toujours été :  “ Suivez-moi ” (Marc 1.17). Dans l’Evangile Jésus nous promet sa paix (Jean 14.27), sa joie (Jean 15.11), une vie abondante et éternelle en lui (Jean 6.47 et 10.10) et en le suivant (Matt 19.27-29). L’appel de Dieu nous invite à répondre avec confiance et par des actes, en faisant nôtres les ordonnances de Dieu consignées dans sa Parole (Jean 14.15).

 

La conversion n’est pas une “ bonne œuvre ” pour mériter notre salut (cf. chapitre 1) mais c'est sûrement l’expression concrète de notre foi : Dieu, par grâce, nous accueille dans une relation de confiance qui nous donne le désir de participer à l’édification de son Royaume.

 

“ Il est impossible à ceux qui sont greffés sur le Christ par une foi véritable de ne pas porter des fruits de reconnaissance. ” (Catéchisme de Heidelberg, question LXIV)

 

“ C’est en nous appropriant la promesse qui nous a été faite par l’Evangile, à savoir que Dieu nous donnera son Saint-Esprit, que nous recevrons par la foi la grâce de vivre saintement et dans la crainte de Dieu. ” (Confession de foi de La Rochelle, article XXII)

 

Dérives

Une certaine prédication de l’Evangile donne parfois l’impression que l’on peut séparer la réponse humaine en deux étapes : d’abord l'acceptation du pardon des péchés et plus tard l’engagement de laisser le Seigneur diriger sa vie.

Certes, la compréhension de ce qui est reçu lors d’une conversion n’est peut-être que partielle. Mais le message biblique est clair :  Dieu nous offre sa grâce pour nous permettre d’entrer dans sa famille et dans son Royaume. Toute réponse sérieuse implique notre engagement dans le projet de Dieu.

 

 

Enjeux et implications pratiques

 

Les étapes du salut

Il y a trois mots que la Bible emploie pour parler des aspects différents de notre conversion (Rom 8.30 ; 1 Cor 6.11). Ces trois réalités nous sont déjà acquises en Jésus-Christ. Elles ont cependant une chronologie dans leur accomplissement dernier :

 

La justification est pleinement accomplie. Elle évoque le pardon que Dieu, par grâce, nous accorde pour nous rendre justes. Jésus-Christ a déjà tout accompli sur la croix.

 

La sanctification est en cours. Elle parle du changement que le Saint-Esprit opère dans la vie du croyant. Elle implique notre participation active basée sur une connaissance croissante de la volonté de Dieu.

 

La glorification est encore à venir. Elle parle du temps futur où nous entrerons dans la gloire éternelle. Notre sanctification sera alors parfaite.

 

Ces différents aspects ne sont pas nécessairement perçus ensemble et avec une même évidence dans l'expérience de celui qui se tourne vers le Christ. Pour certains, comme pour Saul de Tarse sur le chemin de Damas (Act 9), une reconnaissance fulgurante de la seigneurie de Jésus-Christ a produit immédiatement une sorte de plénitude qui l'a conduit à un engagement total. Pour d'autres, le processus peut être plus long, et il n'est pas toujours possible de préciser un jour ou un instant de conversion.

 

Ceci est particulièrement vrai pour les enfants de croyants. Il est normal que leurs parents les introduisent à la prière, à la lecture biblique et à une participation active à la vie et la mission de l'Eglise. Notre espoir, c'est que ces enfants puissent un jour confesser personnellement leur foi et leur engagement envers le Seigneur. Peu importe finalement si leur cheminement a été différent de celui de Paul, c'est cet engagement qui compte, bien plus que leur capacité à préciser le moment de leur conversion.

 

Conversion et vie chrétienne

Selon le Nouveau Testament, il y a d'abord une conversion fondamentale, inaugurale, non renouvelable (Hébr 6.6) et ensuite une conversion constante, une conversion de persévérance, une conversion quotidienne, jusqu'au dernier jour (Luc 22.32 ; 2 Pi 3.9). “ Nous avons été convertis, nous nous sommes convertis, pour être encore convertis, pour nous convertir encore, c'est-à-dire pour croire et nous repentir, pour nous repentir et croire, dans une patience persévérante, au milieu des épreuves et des tentations, croissant dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. ” Pierre COURTHIAL dans "Sur cinq mots", ICHTHUS n° 64 (Novembre-Décembre 1976)

 

 

Quelle est ton unique assurance dans la vie comme dans la mort ?

 

C'est que, dans la vie comme dans la mort, j'appartiens, corps et âme, non pas à moi-même, mais à Jésus-Christ, mon fidèle Sauveur : par son sang précieux, il a totalement payé pour tous mes péchés et m'a délivré de toute puissance du Diable (…) C'est pourquoi, par son Saint-Esprit, il m'assure la vie éternelle et me rend prêt et disposé à vivre désormais pour lui, de tout mon cœur. (Catéchisme de Heidelberg, question 1)