Fiche n° 10
“ Les bases théologiques qui définissent notre
identité et qui nous rassemblent ”
NOTRE
VIE CHRÉTIENNE
“ Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ,
qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en
Christ. En lui, Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous
soyons saints et sans défaut devant lui. (Eph 1.3-4)
Cette fiche présente une sélection de sujets bibliques
et théologiques qui déterminent la conception et qui traitent la pratique de
notre vie chrétienne. Elle s'appuie sur les autres fiches traitant de questions
plus doctrinales.
Une marche dans la foi
Le
préalable indispensable à toute vie chrétienne est d'avoir rencontré son
Auteur, Jésus-Christ, qui nous sauve de nos péchés et nous réconcilie avec Dieu
en nous unissant à Lui dans sa mort et sa résurrection par l'action du
Saint-Esprit (voir fiche n°7). Cette expérience fondatrice se traduit dans une
démarche de foi. Cette dernière est la condition nécessaire et suffisante du
salut. Par elle, je suis introduit dans la vie de l'Esprit. En effet,
l'Esprit-Saint suscite la foi (1 Cor 12.3) et en même temps il est donné en
réponse à la foi (Gal 3.2). De sorte que la vie dans l'Esprit, c'est la vie par
la foi. Au-delà de la rencontre initiale avec Dieu, la foi demeure donc le
moteur permanent de toute vie chrétienne. C'est "par la foi" que les
témoins de l'ancienne alliance (Héb 11) comme ceux de la nouvelle (1 Jn 5.4)
ont pu, et peuvent "vaincre le monde", et ainsi vivre dans la
fidélité au Dieu de leur salut. La sanctification, comme la justification,
repose entièrement sur la foi. C'est dire si l'entretien et la croissance de la
foi (Mt 17.20) doivent être au centre de la vie chrétienne. Tout ce qui suit se
situe dans cette dynamique.
I. Points d’ancrage
1. Déjà et pas encore (Rom 8.18-25)
Le salut, la vie éternelle, la sainteté, nous les avons déjà
pleinement dans notre union à Jésus-Christ, mais sous forme de prémices ; la
réalisation totale est à venir. D'où la nécessité de la foi et de l'espérance
pour avancer spirituellement. Le “ déjà ” de ce que nous a acquis le Christ
nous délivre d'une quête angoissante du salut et le “ pas encore ” à vivre
jusqu'à la manifestation totale du salut nous incite à progresser dans la
sanctification sans nous décourager.
2. Arracher et planter (Eph 4.17-24)
Cette image empruntée au prophète Jérémie (1.10) indique la double
tâche qui nous incombe dans la marche chrétienne : arracher de nous ce qui est
encore lié à notre vieille nature et planter, faire croître les semences de la
vie nouvelle. Il n'est pas question de deux étapes successives, mais d'un
double processus à mener de pair.
3. Une intelligence renouvelée (Rom 12.1-2)
Un aspect souvent trop négligé dans ce processus est la
transformation de notre intelligence. Plutôt que de renoncer à raisonner, il
s'agit de le faire à la lumière de la Parole
et d'examiner la réalité dans l'intelligence du mystère du Christ. Pour
ne pas agir selon nos seules émotions et pour développer une attitude
responsable dans ce monde.
4. Oui, mais pas tout seul (1 Tim 3.14-15)
Si notre salut et notre relation avec Dieu nous impliquent au
niveau personnel, nous sommes aussi intégrés au Corps du Christ qu'est
l'Eglise, le rassemblement des croyants en son nom (Matt 18.20). Il est donc
important de se joindre à une assemblée car c'est là que nous recevons ce que
les Réformateurs appelaient les moyens de grâce : la Parole, la Cène et la
prière principalement.
5. Aimer (Rom 13.8-10)
Le résumé que Jésus puis Paul font du Décalogue nous indique bien
que si Dieu est l'objet premier de notre foi et de notre amour, cela ne peut
que se traduire par l'amour actif et concret du prochain. Tout le mouvement de
la diaconie et de l'évangélisation s'enracine dans ce double commandement.
6. La dynamique de l'élection (Phil 2.12-13)
La doctrine de la prédestination (ou élection) divine bien
comprise constitue un puissant appel à nous impliquer de tout notre être en
réponse à l'engagement total de Dieu pour notre salut et notre croissance
spirituelle.
7. Pour la seule gloire de Dieu (1 Cor 10.31)
Si nous devons tout à la grâce de Dieu, notre préoccupation
principale va être de lui rendre gloire par le moyen de l'adoration et par des
vies consacrées. “ Glorifier Dieu ” est “ le but principal de la vie de l'homme
”, est-il écrit en ouverture du Petit Catéchisme de Westminster.
II. La vie cultuelle
1. Le culte communautaire (Act 2.42 ; 20.7)
Le rassemblement principal des chrétiens a lieu le dimanche, jour
de la résurrection de Jésus. Le culte est pour les croyants une réponse
enthousiaste à la sainte convocation que leur adresse le Seigneur. Là où la
Parole est fidèlement prêchée et les sacrements droitement administrés, il y a
Eglise, disaient les Réformateurs.
2. Le culte personnel (Ps 139.23-24)
Pour rester ces pierres vivantes, le protestantisme a également
développé la bonne habitude d'un temps à part quotidien de culte personnel
alimenté par la méditation des Ecritures et la prière.
3. Le culte familial (Jos 24.15)
Le couple et la famille étant comme une Eglise en miniature, la dimension familiale du culte est aussi une bonne tradition. Elle reprend les mêmes ingrédients que pour les temps personnels et communautaires, à des moments et avec des formes variables.
III. La Parole de Dieu
1. Un éventail de possibilités (Jacq 1.22-25)
Il existe au moins trois façons complémentaires de se nourrir de
la Parole de Dieu :
· l'écoute en Eglise de la prédication
dominicale qui nous permet de recevoir un mot d'ordre, une exhortation, ou un
encouragement ;
· la lecture personnelle qui nous met en
contact direct avec la Parole du Seigneur, ce qui est très formateur ;
·
les études
bibliques en groupes qui combinent, en quelque sorte, les deux pratiques précédentes en y ajoutant la dimension de
l'échange.
De nombreux outils sont à notre disposition pour faciliter et
approfondir la lecture de la Bible : traductions disposant de notes détaillées,
liste biblique quotidienne avec commentaires, dictionnaires, commentaires,
cédéroms.
2. Principes cardinaux
Les quatre points suivants sont typiques de la piété réformée.
1.
Le “
personnage ” central. [Jean 20.30-31]. L'Ancien Testament l'annonce, les
Evangiles nous le décrivent et les Epîtres du Nouveau Testament s'en inspirent
abondamment : oui, Jésus-Christ la Parole faite chair (Jean 1.14) et son œuvre
pour nous constituent le cœur du message biblique ;
2.
Loi et
Evangile. [Ps 119.33-34. 2 Tim 2.8-13]. Dans l'Ancien comme dans le Nouveau
Testament, la Bible est à la fois Loi et Evangile. La Loi désigne tout ce qui
relève des exigences divines pour nous exhorter dans la foi (ce que Dieu attend
de nous). Et l'Evangile présente les promesses qui découlent de la grâce et
nous encouragent (ce que Dieu fait pour nous). Ces deux pôles bibliques
complémentaires correspondent aux attributs de la justice et de l'amour qui
cohabitent en Dieu ;
3.
La lecture
personnelle. [Ps 119. 11,105,147-149]. La Bible étant la Parole que Dieu nous
met à disposition pour éclairer notre quotidien, il est bon de prendre le temps
de la réflexion et de la prière pour que ce que nous lisons nous parle vraiment
et que nous l'appliquions à nos vies ;
4. Une place de choix. [Col 3.16]. A l'intersection de la réflexion et de la prière, la méditation, le chant et la récitation du livre des Psaumes ont enrichi la spiritualité judéo-chrétienne à toutes les époques. Ce livre biblique n'est pas supérieur aux autres, mais il a cette particularité d'exprimer la plupart des facettes de la relation des croyants avec Dieu. Il est donc particulièrement adéquat pour façonner notre piété.
IV. La prière
1. Les lieux principaux (1 Tim 2.8)
Comme pour le contact avec la Bible, la prière peut se pratiquer
surtout :
· lors du culte dominical ;
· individuellement ;
·
dans des
groupes ou cellules de prière.
Dans chacun de ces lieux, l'on peut exprimer la prière de façon
liturgique en s'associant à des textes existants et de façon spontanée en
s'adressant au Seigneur tour à tour. L'essentiel est d'aborder la prière de
façon vivante et convaincue.
2. Les attitudes clé
La prière prend trois formes essentielles :
· “ Merci ! ” [Eph 5.20]. C'est la prière de
louange et d'actions de grâces pour tout ce que le Seigneur fait pour nous et
autour de nous dans son infinie bonté ;
· “ Pardon ! ” [1 Jean 1.8-10]. Nous
reconnaissons nos fautes, nous demandons pardon pour ce qui en nous attriste
notre Père céleste et nous lui demandons la force de l'Esprit pour toujours
mieux nous conformer à sa volonté ;
·
“
S'il-te-plaît ! ” [Phil 4.6]. Le Seigneur est celui qui pourvoit abondamment.
Nous lui faisons connaître nos besoins, nous prions pour nos frères éprouvés,
pour le monde en perdition.
3. Le modèle de toute prière (Matt 6.1-13)
Il s'agit bien entendu du “ Notre Père ”, une prière que l'on peut
réciter mais qui va aussi et surtout servir de guide à notre prière seul ou en
communauté. Ses trois principaux axes sont :
· l'invocation de Dieu comme “ notre Père ”
;
· la priorité des préoccupations du Royaume
(les trois premières demandes) sur les nôtres, même légitimes ;
·
le caractère
complet de ce modèle qui a été parfaitement accompli par Jésus-Christ et qui
nous engage
V. Témoignage et action
1. La Providence divine (Jacq 1.16-17)
En plus de la Révélation particulière de son plan de salut en
Christ, Dieu, dans sa Providence, révèle aussi quelque chose de sa Personne aux
hommes de façon générale et maintient le monde hors du chaos dans lequel le
péché devrait le plonger. Cela n'est pas sans incidences sur la compréhension
de notre rôle sur terre.
2. Témoins de l'Evangile (Act 1.8)
La doctrine de la Providence nous rappelle que si l'homme est
pécheur, il est d'abord créé à l'image de Dieu. Et même si cette image est très
détériorée, il subsiste en lui et dans toute société des points d'accrochage “
naturels ” qui vont aider à faire passer la Bonne Nouvelle. Il s'agit donc de
les repérer et de les exploiter pour mieux communiquer l'Evangile. Par sa
pratique de l'amour (Jean 13.34-35) et par son unité (Jean 17.21) en réponse à
la présence du Christ, l'Eglise fait connaître le mystère du salut (Eph 3.10).
Mais en conséquence de cette vision large, l'on doit ajouter qu'il existe
autant de lieux de témoignage que de vie !
3. Agissants dans le monde (Gen 1.28 ; 2.15)
Ainsi, même si nous n'avons pas ici-bas de cité permanente (Hébr
13.14) un triple mandat nous est confié :
· exercer notre travail et notre rôle social
à la lumière des principes bibliques ;
· nous engager activement dans la société
selon nos dons ;
·
participer
aux combats légitimes contre l'injustice.
Par la force de l'Esprit-Saint
(Rom 8.1-14)
Des origines à l'aboutissement de notre vie chrétienne, le
Saint-Esprit nous unit à Christ, nous donne l'intelligence des Ecritures, porte en nous du bon fruit et nous donne la
force de persévérer. Il est le garant des promesses divines en notre faveur.
“ Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette
bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ. ” (Phil
1.6)