Pastorale

Noël en maison de retraite
Triste Noël

Comment accompagner ceux qui n’ont plus le goût de fêter Noël, ceux pour qui ce temps de fête exacerbe la souffrance. Un chemin de compréhension où l’approche de l’autre se fait dans l’humilité.

Noël  ? Que veut dire ce jour ? Lorsqu’en maison de retraite tous les jours se ressemblent. Pour les isolés, la fête est parfois dure à vivre, c’est un fait vérifié ! Pour d’autres qui auront eu la joie de partir en famille, ce sera une journée bruyante fatigante où le rythme va être perturbé et il leur faudra plusieurs jours pour s’en remettre ! Et pour ceux qui sont fortement handicapés par la maladie se sont des sentiments mélangés qui se bousculent dans leur tête : tout d’abord des déceptions puis des regrets et parfois même de l’agressivité !
Ce sont des questions sans réponses qui sont présentes spécialement ces jours-là ! Qu’est ce que je fais là ? À quoi cela rime-t-il ? Cela ne m’intéresse pas. Pourquoi suis-je encore en vie alors que je ne peux plus vivre ces moments avec les miens ?

Comment, dans de telles conditions, vivre Noël en maison de retraite ?

En tant qu’aumônière, je me suis fais un devoir de préparer Noël dés le début décembre en suivant le calendrier liturgique, avec la belle couronne de l’Avent et la cérémonie des bougies qui vont s’allumer une par une au cours de ses quatre semaines ; tout cela avec la lecture des textes bibliques accompagnés des chants de l’Avent et du répertoire de Noël ! Ce sont des semaines importantes qui, en fait, font la fête de Noël.
Mais, bien sûr, dans tous les établissements, pour marquer ces jours et essayer d’être à l’unisson de l’ambiance extérieure, il y aura la belle fête de Noël traditionnelle. A la fondation Rollin, c’est l’équipe d’aumônerie qui en a la charge ; pour moi, aumônière, c’est la conclusion de toutes ces semaines de l’Avent.

En cohérence avec le vécu

Ce qu’il faut à tout prix éviter, c’est la fête bruyante (avec orchestre et autre animation) sans lien réel avec l’esprit de Noël, parce que cela ne colle pas à la mentalité et au ressenti des résidents à une telle période. La fête de Noël doit être préparée par les résidents qui le désirent un peu comme une veillée de Noël avec les chants traditionnels en famille, un sketch réalisé par les résidents quand ils le peuvent ou quelques membres du personnel, le conte traditionnel et la lecture du texte biblique de Noël.

Et comment se passe le jour de Noël où le personnel est le plus souvent moins nombreux ?

Un gros effort sera fait : le personnel soignera merveilleusement bien le décor de la table. Le menu sera aussi de fête !ce sera très beau et très bon ! oui un grand merci pour tous les efforts qui seront réalisés pour adoucir ce jour !!! Pourtant, malgré tout ce qui sera préparé, cela restera douloureux pour les résidents. Il faut essayer de comprendre : Noël est avant tout une fête familiale alors lorsque le conjoint ou bien les enfants ne sont plus là… est-ce que je peux encore m’autoriser à fêter Noël ? Est-ce que j’ai le droit d’être heureux ? Et puisque je ne peux plus faire plaisir aux miens, alors pourquoi faire la fête ?
Il faut accepter la morosité malgré tous les efforts réalisés pour adoucir la journée… et faire preuve de beaucoup d’attention et de compréhension !

Et lorsque le résident est hospitalisé ? Aller à sa rencontre le jour même de Noël (ou le lendemain) à ses côtés, sans prétention ; avec discrétion et beaucoup de délicatesse, comme sur la pointe des pieds, relire le récit de Noël… et puis chanter, ce qui va lui rappeler les Noëls de son enfance ! et parfois, en réponse, un sourire, un merci et la joie de s’associer au cantique parce que cela lui parle et puis, pour terminer, un baiser : " cela fait tellement de bien " me disent-ils, tous ! enfin, un cadeau pour symboliser le don.
S’approcher en délicatesse, humblement, sans renfort de musique bruyante mais dans l’amour qui se donne à l’image de Dieu qui quitte le ciel pour prendre sur lui l’humanité souffrante en Jésus ! Oui, c’est aussi cela Noël. Alors approchons-nous de ceux qui souffrent doublement en ces périodes de fête où le fossé se creuse plus profond que jamais entre ceux qui font la fête et ceux qui ne peuvent plus et qui ne veulent plus vivre Noël.

Ces prophéties de la venue du Messie ont encore à nous parler à nous qui sommes dans la nuit de ce monde mais qui vivrons un jour dans la pleine lumière du Messie ressuscité qui nous accueillera en ce grand jour !
" Les ténèbres ne règneront pas toujours sur la terre où il y a maintenant des angoisses..
Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort une lumière resplendit. Car un enfant nous est né un fils nous est donné et la domination reposera sur son épaule
. " (Esaïe 8. 23 ; 9.1)

Catherine Bösiger
poste de l’Armée du salut à Alès