Spiritualité

Sanctifier le jour du repos
Le travail, c'est la santé… les vacances aussi !

A l’approche des vacances d’été, une réflexion sur l’obligation de se reposer et de bien utiliser son temps libre, à partir du quatrième commandement : " Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier ".

Pour être efficace dans son travail, l’être humain a besoin de se reposer régulièrement. Quand nous sommes au repos, toutes sortes d’hormones sont produites et s’agitent pour réparer notre corps fatigué. L’hormone antidouleur (le cortisol) et l’hormone de la bonne humeur (la sérotonine) sont les fruits d’un sommeil paisible. N’avez-vous jamais remarqué que les personnes qui dorment mal sont plus sensibles à la douleur et se lèvent souvent du pied gauche !
Nul ne sait mieux cela que Celui qui nous a créés et s’est lui-même reposé le septième jour. Il nous a donné les nuits pour récupérer de nos travaux de la journée et un jour par semaine, le sabbat, pour décompresser. Si l’on ajoute à cela les fêtes religieuses et autres jours fériés, ce ne sont pas les occasions qui manquent de mettre en pratique ce commandement plutôt agréable !

Bien que le principe du sabbat remonte à la création, son institution en Israël est consécutive à la sortie d’Egypte. Il ne faut pas oublier qu’en tant qu’esclaves des Egyptiens, les Hébreux n’avaient droit à aucun jour de repos. La réaction du Pharaon quand Moïse revendique pour le peuple trois jours de congés en dit long sur sa politique sociale : " Que l’on charge de travail ces gens…et ils ne prendront plus garde à des paroles de mensonge " (Genèse 5.9).
Le quatrième commandement précise bien que personne ne doit travailler le jour du sabbat, " ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. " Le sabbat était donc un rappel de la délivrance de l’esclavage et une mesure de protection sociale pour les serviteurs, et même pour le bétail ! Les femmes aussi avaient droit à leur jour de congé : les repas devaient être préparés la veille, afin qu’elles n’aient pas à se mettre au fourneau pendant que les hommes pantouflaient. C’est pourquoi il était interdit de ramasser du bois et de faire du feu un jour de sabbat.
Les Israélites devaient donc se reposer de toutes leurs activités et distractions habituelles, et consacrer tout leur temps, non pas à faire leurs courses ou repeindre leur maison de campagne, mais à l’exercice public et privé de l’adoration de Dieu. Je crois qu’il n’est pas inutile de nos jours de le préciser !

Pour adorer Dieu

Quand Dieu eut achevé la création des cieux et de la terre, il ne se contenta pas de " décompresser ", mais il prit le temps de contempler son œuvre : " Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela était très bon ". De même il nous invite à nous arrêter pour admirer ses œuvres et l’adorer. La Confession de foi de Westminster nous rappelle que " le Sabbat est vraiment consacré au Seigneur lorsque les hommes, ayant auparavant préparé leurs cœurs et mis en ordre leurs affaires ordinaires, non seulement observent tout le jour un saint repos de leurs propres œuvres, paroles et pensées se rapportant à leurs travaux et récréations profanes, mais occupent tout leur temps aux exercices publics et privés du culte et à des devoirs d’obligation et de miséricorde ".

Nos temples seraient sans doute moins dépeuplés le dimanche matin, y compris pendant la période estivale, si ce saint commandement était davantage pris au sérieux. Quel usage faisons-nous de notre temps libre, et en particulier du jour du Seigneur ? Ne devrions-nous pas profiter des vacances d’été pour prendre le temps, outre les loisirs légitimes, de lire la Bible en famille ou tel livre édifiant oublié sur une étagère ? Et pourquoi ne pas imiter nos amis néerlandais qui remplissent nos temples en été, bien que ne maîtrisant pas toujours notre langue ? Pas question pour eux de louper un culte pendant leurs congés, sans compter que c’est l’occasion rêvée de découvrir d’autres Eglises, sous d’autres cieux ! Le risque dans notre société de loisirs est moins au légalisme qu’à la nonchalance. Or le repos spirituel, dont le sabbat est une figure, n’a aucune affinité avec le " farniente " ! Ceci nous amène à la troisième raison pour laquelle le quatrième commandement a été donné : le sabbat est une figure du repos spirituel.
Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos  " (Matthieu 11.28). Quel est donc la nature de ce repos que Jésus promet à ses disciples ? Il s’agit d’un repos spirituel, dont nous sommes invités à faire l’expérience, non pas un, mais sept jours sur sept, dès la vie présente et de façon parfaite dans la vie à venir.
Ce repos, nous commençons à y goûter quand nous venons à Christ pour la première fois et qu’il nous décharge du fardeau de nos péchés. Il nous invite alors à considérer l’œuvre parfaite qu’il a accomplie pour nous, et à nous reposer de nos œuvres imparfaites. " Car nous pensons que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi " (Romains 3.28).

Les psychologues observent que la raison principale pour laquelle le travail devient une drogue chez certaines personnes est qu’elles ont besoin de se prouver à elles-mêmes et à leur entourage qu’elles sont " quelqu’un ", qu’elles méritent d’être aimées et approuvées. Celui qui fait l’expérience de l’amour inconditionnel de Dieu en Jésus-Christ entre dans son repos, comme Marie qui était tranquillement assise aux pieds de Jésus, tandis que Marthe s’agitait et faisait des reproches à sa sœur. Le repos de la foi devient même un véritable remède pour le corps, tandis que, comme le chante Henri Salvador, " les prisonniers du boulot n' font pas de vieux os " !

Le travail de la grâce

Une fois justifié, le croyant n’est cependant pas au bout de ses peines. Il s’aperçoit que le péché habite toujours en lui. Comment goûter dès cette vie au repos éternel, quand mon âme est agitée par toutes sortes de luttes ? Le Catéchisme de Heidelberg voit dans le quatrième commandement une indication que " Dieu veut que tous les jours de ma vie, cessant mes œuvres mauvaises, je le laisse œuvrer en moi par son Esprit, goûtant ainsi dès cette vie le repos éternel ". Nous entrons dans le repos de Dieu quand, renonçant à nos propres efforts, nous le laissons travailler en nous. Lui seul peut faire mourir en nous les cupidités de la chair, les mauvais désirs, les mauvaises pensées. Cessons de combattre par nos propres moyens, et laissons-le combattre pour nous : " Car ainsi a parlé le Seigneur, l’Eternel, le Saint d’Israël : C’est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut, C’est dans le calme et la confiance que sera votre force " (Esaïe 30.15).

As-tu du mal à trouver le sommeil, parce que ton âme est agitée par toutes sortes de pensées ? " Recommande ton sort à l’Eternel, mets en lui ta confiance, et il agira " (Psaume 37.5)."  Je me couche et je m’endors en paix, Car toi seul, ô Eternel! tu me donnes la sécurité dans ma demeure " (Psaume 4.9).
Es-tu victime d’une injustice, comme l’auteur de ce Psaume 37 ? " Recommande ton sort à l’Eternel, mets en lui ta confiance… et il fera paraître ta justice comme la lumière, et ton droit comme le soleil à son midi ".
Es-tu inquiet du lendemain ? " Recommande ton sort à l’Eternel, mets en lui ta confiance…et il pourvoira à tous tes besoins, selon sa richesse. "
As-tu peur de la maladie ou de la mort ? " Recommande ton sort à l’Eternel, mets en lui ta confiance…Car la prière de la foi sauvera le malade, nous dit l’apôtre Jacques, et le Seigneur le relèvera. " Peut-être Dieu ne vous accordera-t-il pas la guérison ici-bas, mais le jour vient où " Il essuiera toute larme de vos yeux, et la mort ne sera plus ; il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur (Apocalypse 21.4). Nous jouirons alors d’un repos éternel et parfait. C’est pourquoi nous pouvons confesser avec Jean : " Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent (Apocalypse 14.13).

Jean-Philippe Bru
pasteur à Montpellier