Psychologie Pourquoi
lêtre humain a-t-il besoin dêtre en
relation avec les autres ? La dimension relationnelle est une composante de l'être humain ; l'amour, un potentiel en chacun et le sens de l'existence est fait de cet élan vers autrui. Il est vital de se sentir aimé comme de pouvoir partager le capital d'amour dont chacun est dépositaire. Lêtre humain a besoin
dêtre en relation avec les autres parce que dès
avant sa naissance, il reçoit la vie de deux personnes
distinctes et grandit dans la dépendance à sa mère
dabord, puis à son père et aux personnes de son
entourage. Il lui faut trois années pour acquérir
lautonomie avec la station debout et la marche,
puis la parole qui lui permet dexprimer ses
besoins, car il dépend des autres pour sa survie, mais
aussi de répondre à laffection des siens, et
enfin la capacité de " faire les choses tout
seul ". Le monde dans lequel nous vivons entretient lillusion que nous avons besoin de toutes sortes de biens pour être heureux et quil suffit de " briller " pour se faire bien voir et aimer des autres : tout est fondé sur lapparence, sur limage sociale. Malheureusement, cette course à la performance, à la rentabilité, à la richesse aboutit au " chacun pour soi ", à lindividualisme et à légocentrisme, en fait à la solitude. La sphère relationnelle nest plus entretenue parce que le temps est occupé exclusivement à " faire mieux ", " avoir plus ", " être au top ". Même lamour est subordonné à ces paramètres, ce qui fait quautrui nest plus un vis-à-vis, un égal, un pair, mais un objet de consommation, servant à satisfaire une exigence damour et pouvant " être jeté " dès quil ne plaît plus. La spirale de la solitude On se centre sur les efforts à faire, plutôt que de se fixer sur la bonne attitude à avoir vis-à-vis dautrui et la part, ou responsabilité, ou investissement personnel, que cela implique. Au lieu de construire une relation, on sisole et lon senferme dans une spirale où ne peut exister la communication avec autrui, porte daccès au partage, à la solidarité, à léchange, puis à la communion. Le seul moyen de sortir de cette spirale infernale est de renverser la vapeur, de sengager dans le processus inverse qui est celui de donner son amour avant de vouloir le prendre chez autrui. Et ceci ne procède plus du besoin mais du désir, car le besoin est lié à un manque à combler en soi, alors que le désir est associé au don de soi, à un plus à partager avec autrui. Et ce plus a été communiqué de lextérieur : il nest pas une production ou un avoir personnels. Lamour reçu et transmis ou
donné, authentique et désintéressé, est gratuit et
inconditionnel. Il ne dépend pas de ce que fait ou ne
fait pas lêtre humain, de ce quil produit ou
pas ou de ses ressources, lamour existe avec la
personne humaine qui en est le canal. Il est le potentiel
de tout être humain et ne demande quà se
développer, à sépanouir au contact des autres
quil recherche pour cela. Un capital d'amour à partager Mais est-ce que cette génération-là
qui a lesprit du monde et nous entraîne dans une
course à la superproduction, au surpassement de soi sur
le plan des ressources humaines, et au profit à tout
prix, ne nous influence pas outre mesure dans notre vie
spirituelle ? Notre relation à Dieu nest-elle
pas encombrée de toutes ces fausses idées, ces
mensonges de lennemi de nos âmes qui nous poussent
à faire tous les efforts possibles et imaginables pour
plaire à Dieu, pour nous faire aimer de Lui ? Ceci nous
entraîne vers le risque dapporter à Dieu nos
uvres charnelles, produits de la terre comme ceux
de Caïn, au lieu doffrir nos corps comme un
sacrifice vivant. Cest nous-mêmes que Dieu, qui
est Amour, veut, cest notre cur, cest
notre esprit, notre âme, notre corps, notre être tout
entier que Dieu désire, avec qui Il veut établir une
relation damour inconditionnelle, parce quIl
nous a aimés le premier, alors que nous étions encore
des pécheurs. Le sens de la vie de lhomme sur
terre est celui qui le porte vers autrui, vers les autres
humains, espèce unique à laquelle il appartient et avec
laquelle il doit collaborer pour un progrès, une
amélioration des conditions de vie, un souci du
bien-être de ceux qui font partie de sa sphère
relationnelle. Il est solidaire de ses proches dont il
est le gardien, le responsable devant Dieu, et est
invité à mettre à disposition toutes ses richesses,
capacités, compétences et qualités pour entretenir la
terre sur laquelle il habite et pour produire la paix et
le bonheur. Le capital damour quil a reçu au
cours de sa vie humaine et dans sa vie spirituelle doit
être partagé avec tous ceux que Dieu place sur sa
route, quels quils soient. Lamour est don de soi, et désirer être en relation implique dêtre prêt à donner de sa personne dabord puis de recevoir ce quautrui veut et peut donner de lui-même, en toute liberté. Il est vital pour lêtre humain de se sentir aimé, mais aussi de pouvoir utiliser sa capacité damour qui le désigne comme faisant partie de lhumanité créée à limage de Dieu, source de tout amour. Dominique Dirrenberger |