Cinéma

L'Evangile à l'écran
Pâques à Noël avec Narnia

A l'approche de la sortie du film " Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique ", un rappel des sources : qui est l'auteur et quel est son message. Une invite à se laisser toucher par la Bonne Nouvelle de Pâques dans le temps de Noël.

Vous avez certainement entendu parler de Peter Pan, d’Alice, de Frodon ou même de Harry Potter mais connaissez-vous Peter, Edmund, Susan, Lucy et Aslan le Lion ? Des bruits courent et annoncent la prochaine apparition sur les grands écrans de ces héros de la littérature enfantine anglaise. Rendez-vous est donné aux cinéphiles le 21 décembre 2005 pour la sortie du film " Le Lion, la sorcière blanche et l'armoire magique ". En attendant de voir l’histoire en image, il reste peu de temps aux lecteurs courageux pour entamer la lecture des " Chroniques de Narnia " (1).Ces ouvrages plairont à toute la famille car si la narration est destinée aux enfants, l’auteur, C.S. Lewis, réserve aux aînés le soin d’interpréter la structure allégorique délibérément chrétienne de ses récits. Si vous êtes prêts à entrer dans le monde imaginaire de Narnia, peuplé des créatures les plus diverses, centaures, licornes, fées,…, alors je vous invite à venir avec moi à travers " l’armoire magique " pour vous préparer à soutenir l’occasion unique que les salles de cinéma vont nous offrir en cette période de l’année : présenter le sens de Noël en le mettant en cohérence avec les événements de Pâques.

Il viendra un prochain printemps

" L’armoire magique " raconte l’histoire de Peter, Edmund, Susan et Lucy qui découvrent le pays de Narnia. Perdu dans la forêt enneigée de ce pays, les quatre enfants sont recueillis par des castors qui leur parlent d’Aslan. Susan les questionne à son sujet. Voici la réponse qui lui est donnée : " Aslan ?… Comment, vous ne le savez pas ? C’est le roi. C’est le seigneur de la forêt tout entière… Ne savez-vous pas qui est le roi des animaux ? Aslan est un lion, le lion, le grand lion… S’il existe des gens qui peuvent se présenter devant Aslan sans que leurs genoux tremblent, ils sont soit plus courageux que les autres, soit tout simplement stupides… il est dangereux. Mais il est bon. Il est le roi, je vous le répète. " Puis, M. Castor leur récite un poème légendaire qui annonce que le roi Aslan reviendra dans la forêt pour faire mourir l’hiver et faire renaître le printemps. Ce portrait ne vous fait-il pas penser à celui de notre Seigneur, celui que nous craignons et que nous aimons tout à la fois et qui nous promet la liberté ? Aslan représente bien Dieu, notre Seigneur, dans l’histoire de Narnia.
Cette similitude va plus loin encore… Pour faire revenir le printemps, Aslan va devoir suivre un chemin bien difficile. En effet, un des enfants va le trahir et rejoindre la méchante Sorcière Blanche. Cette dernière va vouloir le sacrifier. Aslan intervient et sauve l’enfant en prenant sa place. Lorsque la sorcière s’apprête à sacrifier Aslan à la place de l’enfant, elle ne peut retenir sa joie : " Et maintenant, qui a gagné ? Idiot, pensais-tu que par ton sacrifice tu sauverais le traître humain ? Maintenant, je vais te tuer à sa place, comme le stipulait notre pacte, et, ainsi, la magie puissante sera apaisée. Mais quand tu seras mort, qui m’empêchera de le tuer aussi ? Et qui le sauvera alors ? Comprends que tu m’as donné Narnia pour toujours ; tu as perdu ta vie et tu n’as pas sauvé la sienne. Sachant cela, désespère et meurs ! " En lisant ces quelques lignes, nous ne pouvons nous empêcher de penser au cri de désespoir de Jésus sur la croix : " Père, pourquoi m’as-tu abandonné
 ? " .

La plus belle aurore

Dans la nuit, les deux fillettes, Lycie et Susan, assistent impuissantes à la scène. Après le sacrifice, alors que la sorcière et toute les créatures maléfiques qui la suivent sont parties, elles se rendent auprès de la table de pierre où se trouve le corps du lion. Elles nettoient dans les larmes le corps du malheureux. A l’aurore, elles s’en vont. Un bruit assourdissant les fait revenir en arrière. " Le lever du soleil avait tellement modifié l’aspect de toute chose – toutes les couleurs et toutes les ombres avaient changées – que, pour un moment, elles ne virent pas l’événement capital. Puis, elles le virent : la table de pierre était cassée en deux morceaux par une énorme fissure qui s’ouvrait d’une extrémité à l’autre ; et Aslan n’était pas là !… Elles se retournèrent. Et là, resplendissant dans le soleil levant, plus imposant qu’elles ne l’avaient jamais vu auparavant, et secouant sa crinière se tenait Aslan lui-même. " Aslan, est mort, certes, mais il est aussi ressuscité. Aslan représente Dieu comme notre Sauveur.

C.S. Lewis considère que l'imagination joue un rôle décisif dans la connaissance. " Les Chroniques de Narnia " ne sont ni des livres réservés aux enfants, ni des traités philosophiques ou religieux : elles montrent que la raison, la croyance et l'imagination peuvent s’unir pour exposer et expliquer le message de l’Evangile. Bref, ce classique de la littérature enfantine britannique est l'occasion de dépasser un bon nombre de préjugés pour retrouver un chemin de l'imaginaire riche du sens de l’Evangile. Je vous laisse avec les paroles d’Aslan qui explique sa mort et sa résurrection, peut-être y retrouverez-vous une explication imagée de la victoire de Pâques : " Voilà ce que cela veut dire, expliqua Aslan. La sorcière connaissait la puissante magie. Mais il existe une magie plus puissante encore, qu’elle ne connaît pas. Le savoir de la Sorcière remonte seulement à la nuit des temps. Mais, si elle avait pu voir un peu plus loin, dans le silence et l’obscurité qui précédèrent la nuit des temps, elle aurait su que si une victime consentante, qui n’avait pas commis de trahison, était tuée à la place d’un traître, la table se briserait et la mort elle-même serait vaincue. " Que l’œuvre de C.S. Lewis nous encourage à être apologète (défenseur de la foi)avec imagination et que la lumière de Pâques illumine nos prochaines fêtes de Noël !

Joël Landes,
pasteur évangéliste à Marseille

1 C.S. Lewis, Les chroniques de Narnia, 7 tomes, coll. Folio Junior, Gallimard Jeunesse, 2001-2002. Bien avant que George Lucas ne décide d’utiliser la technique narrative de l'antépisode dans ses films de la série Star Wars, C.S. Lewis avait fait de même. Il a d’abord écrit le récit de " l’Armoire magique " avant " Le Neveu du magicien " qui pourtant se déroule chronologiquement auparavant. Le film semble respecter cette logique. Quant à elles, les éditions Folio Junior ont choisi de les numéroter dans l'ordre chronologique, inversant l’ordre original des deux premiers titres de la série.


Clive Staples Lewis, romancier et théologien irlandais est né en 1898. C’est au cours de ses études universitaires qu’il se convertit à la foi chrétienne. Sa conversion est décrite dans son autobiographie Surprised by Joy. Après la première guerre mondiale, où il fut blessé dans les tranchées françaises, il enseigne à l'Université d'Oxford et est membre de l’Oxford Socratic Club où se tenait des débats sur la validité du christianisme. Plus tard, il devint professeur de littérature anglaise de la Renaissance et du Moyen Age à l'Université de Cambridge (Angleterre). Il deviendra alors l’un des ami intime de JRR Tolkien (auteur bien connu du Seigneur des Anneaux), ils fréquentaient ensemble une société littéraire qui s'appelait les Inklings. Son livre Mere Christianity / Pourquoi je suis chrétien, présentation logique et philosophique du christianisme, est un classique. C. S. Lewis est mort le 22 novembre1963. Il existe un film sur une partie de la vie de C. S. Lewis que l’on peut trouver en français sous le titre " Les ombres du cœur " avec l'acteur britannique Anthony Hopkins qui joue le rôle de Lewis. Ce film explore l'une des périodes les plus difficiles de sa vie, la mort de sa femme Joy. Il s’inspire d’un autre livre, A Grief Observed / Apprendre la mort, qui est l’édition du journal personnel de Lewis au cours de cette période. Les livres de Lewis ont été vendus, au niveau mondial, à plus de 200 millions d'exemplaires. Ils ont été traduits en 30 langues, malheureusement, bon nombre de ses livres en français ne sont plus édités.