Méditation biblique Quelques
pas en arrière Parmi les dix lépreux au bénéfice de la guérison opérée par Jésus, un seul revient sur ses pas et glorifie Dieu ; lui seul connaîtra une guérison intérieure. Une mise en garde salutaire pour réorienter nos attentes. Ils étaient donc dix, dix hommes que
tout paraît rassembler. Triste majorité Comme un seul homme, ils vont à sa
rencontre. Tous ensemble, restant à distance comme il se
doit, c'est d'une même voix qu'ils l'appellent au
secours, demandent sa pitié et espèrent la guérison ;
et c'est encore ensemble qu'ils obéissent à
Jésus ; ensemble qu'ils se rendent auprès des
sacrificateurs pour faire constater leur guérison. Eh oui ! L'un des dix hommes, le
Samaritain, va se distinguer des autres en revenant, lui
seul, auprès de son bienfaiteur : " Les
dix n'ont-ils pas été purifiés - interroge
tristement Jésus - mais les neuf autres, où
sont-ils ? " Au jour du bonheur familial, au temps
de la santé, avec un travail en poche et des habitudes
de vie qui jalonnent doucement notre existence, qui
d'entre nous sait fidèlement et allègrement revenir à
Celui qui nous les donne ? Un demi-tour qui change tout Là non plus, Luc ne s'étend guère
sur les motivations intérieures du Samaritain, il
décrit seulement la scène. Le Samaritain fait un retour
sur lui-même : " se voyant guéri "
nous dit le texte. En fait, il constate l'uvre du
Christ dans son existence, ce qu'il était avant et ce
qu'il est maintenant grâce à l'intervention de
Jésus ; il considère le moment décisif de cette
rencontre avec Jésus, l'efficacité de sa parole,
l'extraordinaire de son amour et c'est le début de sa
conversion Oui, c'est bien cela, une
conversion : il fait demi-tour, change de direction,
s'extrait du mouvement de vie qui happe ses compagnons
loin de Jésus et il retourne là où les choses ont
changé pour lui, là où se tient celui qui les a
changées ; il revient et glorifie Dieu à haute voix. Le don reçu se mesure à l'aune du
passé où il était absent mais, notons-le bien, il est
également envisagé en relation à celui qui le
donne ; en revenant sur ses pas, le Samaritain
s'unit en quelque sorte au Christ dont il n'avait
sollicité au départ que la toute-puissance. C'est cette
attitude-là qui rend gloire à Dieu. Et seul cet
étranger qui revient va connaître une guérison
intérieure : en plus d'une nouvelle vie, il va
recevoir la vie nouvelle ! En revenant à celui qui
l'a béni par le don de la santé, le Samaritain va
recevoir une bénédiction plus grande encore, bien plus
grande que la guérison : la vie éternelle, le
salut en Jésus-Christ. Et ce don extraordinaire de Dieu
va s'accompagner d'emblée d'une autre réalité
: il est aussi donné au Samaritain de mieux
connaître Jésus. Une double reconnaissance Ainsi, l'élan de reconnaissance du Samaritain qui va à la source de la bénédiction reçue permet une véritable rencontre avec Jésus ; le cur, touché par la guérison corporelle, s'ouvre à une véritable relation avec le Seigneur, la reconnaissance du cur ouvre à la reconnaissance de la foi. Il nous faut entendre cela : reconnaître l'action de Dieu en notre vie que ce soit dans la prière de louange ou en un témoignage public, c'est également approfondir notre relation au Seigneur, grandir dans notre communion à lui. Nous le connaîtrons mieux et nous l'en aimerons davantage, nous aurons de plus en plus conscience de son amour pour nous et de la démesure de sa grâce. Sans cesse, nous pourrons nous réjouir de ce qu'il fit et fait pour nous, mais aussi, tout simplement (tout merveilleusement !) de ce qu'il est. Alors nous pourrons voir l'amour de Dieu non seulement dans les bénédictions bien concrètes qu'il nous dispense dans notre quotidien mais aussi en sa personne-même, au-delà de ce qu'il nous semble opportun de recevoir de sa part. Vous le voyez, ce face à face avec
Jésus dans l'élan de la reconnaissance et le don de la
foi, vient ôter l'ambiguïté d'une foi bien temporelle
en un Dieu bien impersonnel. Ici, au contraire,
s'établit avec le Seigneur une relation vraiment
authentique, éclairant à la fois la condition du
pécheur et la personne de Jésus-Christ. Destinataires de nombreuses bénédictions et même enfants de Dieu si, par la foi, nous avons reçu le salut, serons-nous de ceux qui reviendront inlassablement à Jésus, de ceux à qui il sera ainsi donné de mieux le connaître et de repartir dans la vie forts de cette communion ou, comme les neuf-dixièmes, nous laisserons-nous happer par le mouvement de la vie pour jouir sans reconnaissance des bienfaits de Dieu et, par une foi ponctuelle n'espérer qu'un don temporel, nous privant ainsi des effets de la grâce ? Annie Bergèse, |