Questions de foi Si
Dieu existe, pourquoi la souffrance ? " Si Dieu existe, pourquoi la souffrance ? " Une question qui traverse tous les temps et toutes les cultures, la question de toute existence. Comment faire face à cette énigme redoutable ? Evidemment, on ne se pose guère la
question inverse : si Dieu existe, pourquoi le
bonheur, la santé, le bien-être
? On
pourrait donc se lamenter de légoïsme rampant de
lêtre humain qui adresse à Dieu plus facilement
des reproches que des actions de grâces, lhomme
actuel et nanti plus que tous les autres avant et autour
de lui. L'insoutenable alliance de mots Ce qui est très particulier avec cette
question, cest quelle joue sur deux
registres : lexistentiel en affectant parfois
toutes les fibres de notre être jusquà nous
rendre malades, allergiques, névrosés. Mais aussi
lessentiel, le philosophique : le sens profond
de la vie ici-bas. Elle trouve ainsi écho dans
lindividu et jusque dans
lhumanité entière : tous les temps
et toutes les cultures dans tous lieux habités
Dans la juxtaposition des mots
" Dieu " et
" souffrance ", il y a donc de
luniversel et du particulier, du théorique et du
concret, du terre à terre et de léminemment
spirituel. Voici donc posée la question de
létonnante et même scandaleuse pour
certains coexistence de Dieu et de la souffrance.
Elle postule une incompatibilité : lun des
deux doit, ou devrait, ne pas exister ! Ma petite
expérience de chrétien engagé dans un ministère
pastoral et daumônier en milieu hospitalier
mamène à divers constats. La présence de Dieu Autre constat : les larmes
reconnaissantes dune personne âgée, le regard qui
se relève dune personne en deuil, la paix qui
sinstalle dans une personne tout en fin de vie, une
dernière main serrée avant le lâcher prise. Je pense à ce paroissien tombé subitement dans un état semi-comateux après bien des luttes actives et qui ne réagissait plus quà ma voix pour recevoir une parole biblique et prier. Parti paisible, quelques heures après notre dernier moment ensemble, la main de sa femme dans la sienne. Je pense à cette famille très agitée aux Urgences, autour dune jeune femme à lagonie : de longs temps de présence en silence, les gens dans la chambre qui sendorment sauf le mari et moi, chacun dun côté du lit, entrant dans un dialogue sur la fin de la vie, lespérance, partageant un psaume et recevant la paix den haut juste avant quelle sen aille. Je pense à cet homme passé par un temps particulièrement difficile qui a profondément changé son regard sur un ami en situation de grande fragilité. Je pense à ce catéchumène trisomique qui cumulait les handicaps et qui navait pas son pareil pour dénicher lessentiel, plein dune énergie et dune profondeur bouleversantes. En dautres termes, combien
dêtres croisés que la souffrance a fait cheminer
vers un sens plus aigu de lessentiel, une plus
grande ouverture, une réelle compassion ou, tout
simplement, une paix enfin retrouvée. A tout moment de
leur existence. Difficile de ne pas penser à
lexpérience spirituelle de Job (42. 2 à 6). L'amour et l'espérance Il y a plusieurs façons de poser
pareille question que celle de Dieu et de la souffrance,
allant de larrogance à lhumble prière. La souffrance est toujours
expérimentée par des êtres de chair et sans elle,
peut-être risquons-nous de rester comme ces petits
insectes, les éphémères : légers et sans
consistance. " Il était méprisé,
laissé de côté par les hommes, homme de douleurs,
familier de la souffrance, tel celui devant qui lon
cache son visage; oui, méprisé, nous ne
lestimions nullement. " Je vous ai dit tout cela pour que vous ayez la paix en restant unis à moi. Vous aurez à souffrir dans le monde. Mais courage! Jai vaincu le monde! " (Jean 16. 33) Antoine Schlüchter |