Eglise La
place des femmes dans l'Eglise Regard dun pasteur à la retraite sur la place des femmes dans lEglise : dans la communauté, dans la direction de linstitution ecclésiastique comme dans le quotidien, lépreuve et jusquen leur révolte. Ma réflexion sur ce sujet - la place
de la femme dans lEglise ne peut être que
très limitée. Elle est forcément subjective. Sur la
question, je ne dispose pas dune étude
sociologique fiable susceptible détayer mon
propos. De plus, jappartiens à une génération
pastorale ancienne et mon ministère sest exercé
essentiellement dans un contexte de ville. Elles sont présentes Je récuse ce cliché bien établi que
lEglise est une affaire de femmes. Cest vrai
quà une certaine époque, les assemblées étaient
constituées essentiellement de femmes. Les hommes
sabstenaient pour des raisons idéologiques.
Anticléricaux, adhérents dune politique de gauche
dite avancée, ils se devaient de ne pas pratiquer une
religion infantile. Aujourdhui encore, lors
densevelissements en zone rurale, il nest pas
rare quil y ait un groupe dhommes refusant
ostensiblement de pénétrer dans le temple de
lobscurantisme. Reste cependant le problème de la direction de lInstitution ecclésiastique. Dans les conseils régionaux et national, les femmes sont peu représentées. Je mets à part les conseils presbytéraux dont la composition varie dune paroisse à lautre. Ils sont parfois entièrement masculins ou féminins. Nous mesurons ici les conséquences dun débat passionné et qui ne me semble pas achevé sur le fond malgré les décisions synodales, il sagit de savoir si les femmes peuvent participer au ministère dordre établi dans lEglise. Le silence actuel sur le sujet ne signifie pas quil y ait un vrai consensus dans un sens ou dans lautre. Personne, pas plus les femmes que les hommes, na envie de remettre en discussion le différend. Cependant, sans manifester à grands cris, les femmes sont là et leur avis, leur autorité de fait simposent. Leur savoir-faire, leur fonction dans la société civile donnent du poids à leur présence. Leur pouvoir ne sexerce pas au niveau de la structure presbytérienne. Il nen est pas moins réel. Il nest plus possible de leur demander : soyez belles et taisez-vous ! LEglise, une assemblée de femmes et dhomes séparés, certainement pas ! Une assemblée dhommes et de femmes, chacun avec ses charismes et ses capacités, certainement oui ! Cette tendance actuelle me réjouit parce quelle est lexpression dune réalité sociétale et biblique à la fois. Partagées Ainsi en est-il parce quelles sont obligés de répondre à des tâches, multiples et accaparantes, toutes impérieuses. Une femme qui travaille, - et elles travaillent toutes même lorsquelles sont, dit-on, sans profession, comme elles ont toujours travaillé, - comment peut-elle encore être présente sur tous les chantiers : il y a les impératifs des horaires, les soins du ménage, léducation des enfants. Je pense en particulier aux veuves, aux divorcées malgré elles, qui doivent tout financer et tout assumer. Comment encore participer aux activités de lEglise, cela relève du miracle ! Ce nest pas quelles ne voudraient pas mais elles ne le peuvent pas. Ces jours-ci, une femme mariée avec des enfants à charge, enseignante et de plus membre du conseil presbytéral, me disait son désir de venir à des réunions qui lintéresseraient, mais cétait impossible. Finalement lassemblée dominicale reste le moment privilégié cultuellement et pratiquement pour vivre ensemble la vérité ecclésiale. Il nous arrive, nous pasteurs, dêtre sévères à légard de celles et ceux qui ne répondent pas toujours présents à nos convocations. Avons-nous toujours conscience des exigences auxquelles les laïques font face ? Jai limpression que nous sommes moins pointilleux vis-à-vis de nous-mêmes, mais ce nest quune impression très certainement fausse. Courageuses Elles sont étonnamment courageuses et fortes. Leur force de résistance dans ladversité mimpressionne. Je ne sais pas à quoi cest dû : leur constitution physique, psychique ? leur approche de la Parole de Dieu ? Le fait est là. Souvent lhomme soi-disant fort, même sil est un chrétien fidèle et, de surcroît, ayant un ministère fécond, sécroule, se liquéfie parce quil ne trouve pas en lui et même dans sa foi les ressources pour surmonter lévénement. La femme, elle, porte lespérance de la vie. Sa vocation de mère, quelle le soit effectivement ou non, lassure quau-delà de la douleur, il y a la naissance dune réalité nouvelle. " Mère courage ", elles le sont pour la plupart. Elles lont montré dans lhistoire profane et religieuse. Elles lont montré dans les camps de concentration ; elles lont montré aux temps des persécutions et sil ny avait pas eu au désert des femmes, sil ny avait pas eu des femmes au temps mal vu du " Réveil ", où en serions-nous ? Bénies soient nos surs en Christ ! Nous leur devons tant. Solides comme le granit, généreuses et vivantes, humbles et lumineuses à la fois elles sont là, heureusement ! Elles sont redoutables Toute médaille a son revers. Jai
écrit " redoutables ", javais
envie décrire " féroces "
comme une lionne défend ses petits. Elles se hérissent
lorsquon touche à ceux quelles aiment, à ce
quelles aiment. Avec bec et ongles, elles attaquent
si lon fait du mal à leur entourage plus que si on
leur fait du mal à elles-mêmes. Leur réaction peut
être sans nuance. Il faut beaucoup de temps pour faire
rentrer les griffes. Il faut que beaucoup deau
passe sous le pont avant que soit hissé le drapeau blanc
du cessez-le-feu. En ai-je assez dit ? En ai-je dit trop ? Je ne sais. Lintérêt de cet articulet est avant tout dans le fait que je dévoile mon sentiment sur la place de la femme dans lEglise, sentiment dun pasteur, dun homme vieillissant, peu apte à comprendre la modernité mais qui sefforce douvrir grands ses yeux sur notre société. Finalement je propose au comité de rédaction de ce journal de demander à une femme décrire ce quelle pense de la place des hommes dans lEglise. Maurice LONGEIRET, pasteur à la retraite |